Par Tabassum Siddiqui
En 15 ans de carrière, l’auteur-compositeur-interprète de musique country canadienne Dean Brody a accumulé les succès qui l’ont maintenu au sommet du palmarès avec des titres comme Bring Down the House et Where’d You Learn How to Do That. Enfant, il n’avait jamais rêvé de devenir une vedette de la country dans la petite ville de Colombie-Britannique où il a grandi en prenant des leçons de piano et en écoutant la radio.
« Ma famille n’était pas très portée sur la musique, mais mon père avait toujours la radio allumée, et ma grand-mère aussi », rappelle Brody, joint au téléphone à Kelowna, en Colombie-Britannique, où il est actuellement installé. « Nous avons grandi en écoutant de la musique à la radio, que ce soit dans le camion de ferme de mon père le matin, ou pendant le petit-déjeuner — la radio était toujours allumée et c’est comme cela que je me suis initié à la musique. »
Aujourd’hui l’un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus populaires de la musique country canadienne, lauréat de 18 prix de la Canadian Country Music Association (CCMA) et de deux prix JUNO, avec à son crédit plus de 435 millions d’écoutes en continu dans le monde et de nombreux singles certifiés or et platine (dont 1 triple platine et 4 double platine), Brody s’est d’abord essayé à différents styles de musique avant de trouver sa place dans la musique country.
« En fait, je n’ai compris qu’au début de l’adolescence qu’il existait différents genres de musique — nous avions une station de radio locale qui diffusait de tout, d’Anne Murray à AC/DC, se souvient-il. J’ai monté un groupe de reprises à l’âge de 14 ans et nous jouions toutes sortes de chansons, mais je n’ai commencé à aimer la musique country qu’à la fin de mon adolescence. »
Les chansons country ont tout de suite trouvé un écho chez le musicien en herbe, qui y a vu un reflet de ses propres expériences de vie, avec des références aux camions, aux feux de joie, aux fêtes champêtres et à d’autres souvenirs de son enfance à Jaffray, en Colombie-Britannique. Brody a commencé à chanter des chansons country au cours de soirées karaoké et d’autres événements. Encouragé par les réactions positives de ses proches et de sa famille, il a empoigné sa guitare et commencé à écrire ses propres chansons.
« Ce que j’adore dans le fait d’écrire mes chansons, c’est qu’à chaque nouvelle chanson il y a quelque chose de magique, explique Brody. Même si c’est une chanson très mauvaise, c’est toujours quelque chose que je n’ai jamais écrit avant. »
Avec sept albums à son actif, Brody est reconnu pour son style d’écriture classique et direct, lequel, de son propre aveu, a mis des années à atteindre son plein potentiel. Il se souvient de ses premières tentatives qui ont échoué, notamment la fois où il a envoyé une nouvelle chanson à Nashville (où il a vécu pendant de nombreuses années en essayant de percer sur la scène musicale) pour avoir un son de cloche et où on lui a renvoyé la bande en lui disant qu’il ne réussirait jamais en tant qu’auteur-compositeur.
« Cela m’a fendu le cœur — je me souviens d’avoir été anéanti, raconte Brody. Mais j’ai tenu bon — ça a fini par décoller et je n’ai pas arrêté. Et c’est ça le truc, n’est-ce pas ? Chaque fois que vous commencez quelque chose — qu’il s’agisse de la musique ou d’autre chose —, vous faites des erreurs. Pour apprendre quelque chose de nouveau, il faut souvent commencer par être nul avant de devenir meilleur. »
Les histoires de Brody, qui se déroulent dans des décors ruraux, avec des personnages vivants et des images western, ont rapidement attiré l’attention des admirateurs de country et de l’industrie musicale, ce qui lui a valu plus de 30 singles classés dans les dix premiers du palmarès au fil des ans.
« Quand vous grandissez dans une petite ville, beaucoup de personnages peuplent votre vie au départ, et il est donc facile de s’en inspirer quand on écrit une chanson », fait remarquer Brody.
« Mais au fil des années, on se demande combien de fois on peut écrire une chanson sur un chauffeur de camion et qu’elle reste pertinente, et je m’inspire davantage d’histoires abstraites. Sur mon prochain album, j’ai écrit une chanson sur un prisonnier qui sort de détention — et la base de la chanson est la suivante : “Je ne cherche pas les ennuis, ce sont les ennuis qui me trouvent.” Dans ma tête, ça se déroule presque comme un film, et j’essaie d’en brosser le tableau. Je trouve cela stimulant et satisfaisant. »
En 2019, Brody a créé sa propre maison d’édition et son propre label, Scurvy Dog Music. En tant que client indépendant de la CMRRA qui écrit principalement en solo, Brody affirme qu’il a beaucoup appris au fil des ans sur la protection de ses droits en tant qu’auteur-compositeur.
« Lorsque vous écrivez quelque chose qui vous appartient à 100 %, vous voulez vous assurer que vous détenez pleinement les droits d’édition de vos chansons », explique-t-il.
« Le fait d’avoir ma propre maison d’édition m’a également permis de faire face aux problèmes de synchronisation et de régler rapidement les choses. Si vous écrivez une chanson en collaboration avec trois autres personnes, vous avez besoin de l’autorisation de tout le monde pour pouvoir placer cette chanson. Mais lorsque vous gérez votre propre travail, vous n’avez pas besoin de passer par toutes ces formalités administratives pour bouger. Il est donc important pour moi d’avoir le contrôle de mon propre catalogue. »
Les chansons de Brody ont constitué la base d’une carrière couronnée de succès. Cette année, il est en nomination pour quatre prix de la Canadian Country Music Association (CCMA), qui seront décernés le 16 septembre, dont celui de l’artiste de l’année, du choix du public, de l’artiste masculin de l’année et du single de l’année pour Where’d You Learn How to Do That ?.
« Je me souviens du temps où j’étais un outsider sur la scène musicale, et où j’admirais tous ces autres artistes. C’est donc tout un honneur de faire partie de ce cercle restreint d’artistes extraordinaires qui sont maintenant devenus de bons amis », confie Brody. Si on m’avait dit plus jeune que cela m’arriverait un jour, je ne l’aurais pas cru. »
De tous les prix qu’il a reçus à ce jour, Brody est particulièrement fier d’avoir été honoré cette année par le Gary Slaight Music Humanitarian Award de la CCMA pour le travail caritatif qu’il a accompli par le truchement de la Dean Brody Foundation.
Crée en 2011, la fondation a vu le jour après que Brody eut lu le livre Remember Me, Rescue Me sur l’exploitation de jeunes filles dans des communautés isolées du Brésil, par le journaliste britannique Matt Roper, devenu par la suite un ami et un collaborateur.
« Ce prix veut dire beaucoup pour moi. C’est incroyable d’être arrivé à pouvoir attirer l’attention sur une question d’importance sociale comme l’exploitation des enfants, explique M. Brody. C’est pourquoi je suis tellement enthousiaste à l’idée de recevoir ce prix, car il permet de sensibiliser les gens à cet enjeu. »
Au fil des ans, M. Brody s’est rendu au Brésil pour travailler avec Meninadança, un organisme à but non lucratif fondé par Matt Roper qui construit des maisons sûres pour les jeunes filles à risque le long de l’autoroute BR-116 au Brésil. Depuis, en s’associant à l’International Justice Mission, la Dean Brody Foundation a élargi son action en faveur de la prévention de la traite des jeunes filles et a porté secours à de nombreuses victimes dans le monde entier.
« Je me réjouis de voir certaines d’entre elles grandir dans ces maisons et aller à l’université, apprendre leurs droits fondamentaux et gagner en dignité au sein de leur communauté », confie Dean Brody. C’est très gratifiant de les voir prendre confiance en elles et comprendre leur valeur intrinsèque. »
En plus de soutenir de nombreux organismes caritatifs locaux dans tout le Canada, Brody s’est également associé à l’Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey en 2022, et a fait un don de 60 000 $ à la communauté locale de hockey mineur à Cranbrook, en Colombie-Britannique, afin que des enfants de familles confrontées à des obstacles financiers puissent accéder à ce sport.
En tant qu’auteur-compositeur à succès, il souhaite également soutenir les auteurs-compositeurs-interprètes émergents qui cherchent encore comment se raconter par la chanson. Son conseil est simple : il faut apprendre les règles avant de les enfreindre, mais on peut aussi essayer différentes choses en cours de route.
« Continuez à écrire — écrivez tous les jours, et même si ce n’est pas bon, faites-le. Oubliez les chansons qui ne décollent pas et passez à la suivante, affirme Brody. Il n’y a pas de mal non plus à avoir plusieurs fers au feu. J’aime travailler à quatre ou cinq chansons en même temps, pour ne pas m’épuiser en me concentrant sur une seule chose et perdre l’intérêt. C’est une bonne façon d’écrire, qui permet de laisser libre cours à la créativité. »
Lorsqu’il n’est pas occupé à écrire des succès, Brody est souvent en tournée, attirant des milliers d’admirateurs au cours de ses spectacles annuels en tête d’affiche au Budweiser Stage de Toronto, sans compter une résidence de 10 soirs au Stampede de Calgary, sa participation à des festivals majeurs dans tout le pays et une tournée automnale pancanadienne qui débutera en octobre.
Il est important pour Brody de partager des idées avec ses admiratrices et admirateurs en ligne ainsi qu’en personne au moment des spectacles. Étant de nature introverti, il n’est pas toujours naturel pour lui de publier dans les médias sociaux, mais il reconnaît qu’il s’agit d’un moyen important pour communiquer avec les gens qui aiment sa musique.
« C’est un peu un exercice d’équilibre pour moi, qui suis plutôt très silencieux, alors parfois, quand je partage du contenu en ligne, j’ai l’impression de trop me dévoiler, dit-il en riant. Mais on se rend compte qu’on est tous logés à la même enseigne — nous manquons tous un peu de confiance en nous. Il m’arrive donc de partager un peu de ma vie et de créer des liens avec les autres, ce qui est vraiment spécial. »
« Mais je pense que ce qui est plus dans mes cordes en matière d’engagement, c’est quand je suis sur la route — quand je joue, surtout dans l’atmosphère d’une salle de spectacle, je m’ouvre un peu plus et il y a une vulnérabilité là-dedans. Lorsque quelqu’un a acheté un billet et vient au spectacle, il s’investit dans les chansons et dans le processus, et, pour moi, cela amène un autre niveau de connexion, autant sur le plan musical que personnel.
Lorsqu’il repense à sa carrière et au pouvoir de la musique sur les gens, Brody évoque immédiatement l’une de ses chansons les plus émouvantes, dans laquelle le narrateur se demande ce qui est arrivé à la mère adolescente qui l’a donné en adoption.
« Lorsque Trail in Life est sortie, je l’ai beaucoup chantée. Des gens sont venus me dire : “J’ai renoué avec quelqu’un que j’avais perdu de vue depuis longtemps.” C’était tellement encourageant d’entendre ces histoires. Certaines font plaisir à entendre, d’autres sont plus décevantes. On se rend compte à quel point la vie est complexe », rappelle Brody.
« Grâce à la musique, nous pouvons tous nous rassembler et trouver un terrain commun. C’est ce que j’aime dans la musique et dans l’écriture d’une chanson : une chanson peut signifier une chose pour quelqu’un, et résonner complètement différemment pour quelqu’un d’autre, et pourtant elle nous rassemble. »
Pour en savoir plus sur Dean Brody et la Dean Brody Foundation, visitez le site deanbrody.com.