par Tabassum Siddiqui
L’enthousiasme débordant de Steve Clark pour la musique frappe immédiatement lorsque vous discutez avec lui, et ce n’est pas étonnant, compte tenu des années qu’il a consacrées à bâtir une carrière dans l’industrie musicale. Après avoir travaillé plus d’une vingtaine d’années dans une grande maison d’édition musicale, dont il a fini par diriger les opérations mondiales, il est aujourd’hui à Londres, où il est directeur des opérations mondiales de la maison d’édition Round Hill Music, l’un des plus grands détenteurs indépendants de droits musicaux du monde.
M. Clark a étudié la musique à l’Université de Liverpool avant de travailler, à la fin des années 1980, comme éditeur de musique pour la société International Music Publications, où il est par la suite devenu responsable de la production, des droits d’auteur et de l’octroi de licences. Il a ensuite joint les rangs de Warner Chappell (la branche mondiale d’édition musicale de Warner Music Group) en 1998, où il a supervisé toute l’administration des droits d’auteur et des redevances en Europe, avant de s’occuper des contrats mondiaux, des droits d’auteur, du système de redevances et des technologies de l’information en tant que vice-président exécutif des opérations mondiales.
« J’ai travaillé pour Warner Chappell pendant 21 ans, avant de devenir directeur des opérations mondiales en 2008, se souvient M. Clark. J’étais installé à Londres, mais je voyageais dans le monde entier. C’était à l’époque où l’industrie est passée du modèle analogique traditionnel au numérique, avec les téléchargements, iTunes et YouTube, puis les services de diffusion en continu », précise-t-il. « La consolidation de Warner Chappell, que j’ai supervisée au niveau mondial, consistait en partie à mettre en place des opérations commerciales qui tenaient compte de cette transition, en veillant à ce que nous disposions des systèmes et de la technologie nécessaires pour gérer les affaires en cours à une échelle multiterritoriale. »
Clark est responsable d’une refonte des systèmes d’édition de Warner Chappell qui a duré cinq ans et qui a vu l’entreprise bâtir un système d’édition de bout en bout évolutif, fondé sur l’infonuagique. Ce système encore utilisé aujourd’hui permet aux auteurs-compositeurs et autrices-compositrices de consulter les relevés et d’autres mesures, et ce, en ligne et sur des applications mobiles. « Cela a permis à l’entreprise de se transformer pour rester pertinente dans l’univers numérique actuel. Il ne s’agissait pas seulement de gérer les fonctions administratives, l’enregistrement des droits d’auteur, l’interface avec les organismes de gestion collective du monde entier, mais également de travailler directement avec les fournisseurs de services numériques — qui n’existaient même pas il y a 20 ans, de rappeler M. Clark. Il s’agissait de traiter des volumes de données tout en s’assurant que nous avions la transparence nécessaire grâce à un portail en ligne (en 17 langues, dont le mandarin et le coréen) pour pouvoir fournir des services exceptionnels aux auteurs et autrices que nous représentions dans le monde entier. »
En 2020, Clark a apporté à Round Hill Music sa vaste expérience du secteur mondial de l’édition musicale, ce qui l’amène à voyager régulièrement entre son bureau de Londres et les autres bureaux de la société à New York, à Los Angeles et à Nashville.
Fondée en 2010, Round Hill Music comprend une division d’édition musicale, des services de synchronisation et de gestion de redevances, une bibliothèque de production musicale, une division de labels et de services aux labels, ainsi qu’un regroupement de services aux auteurs-compositeurs et autrices-compositrices de Nashville. Sa liste couvre tous les genres et toutes les époques, des artistes, autrices-compositrices et auteurs-compositeurs tels que Rob Thomas, Craig David et Toro Y Moi, en plus des Canadiens Art d’Ecco, DJ Shub et bien d’autres encore.
« Josh Gruss, le propriétaire et PDG, m’a proposé de me joindre à Round Hill en raison de mon expérience sur plusieurs territoires et de mon expérience en matière de gestion des droits, dans le but de favoriser son développement, rappelle M. Clark. Je me suis attaché à restructurer l’entreprise pour favoriser sa croissance, tout en veillant à ce que nous respections les droits que nous administrons en tant qu’éditeur de musique. Cela comprend la liaison directe avec les fournisseurs de services numériques sur lesquels nous comptons pour l’échange de données dans différents territoires, et ce, afin qu’ils puissent les administrer en notre nom. » Ce travail implique d’établir des relations avec des agences de droits de reproduction dans le monde entier, y compris la CMRRA, de la clientèle de laquelle Round Hill fait à nouveau partie depuis l’an dernier.
« Il me semblait que ce serait mieux si, au nom des auteurs et autrices que nous représentons, nous avions un organisme canadien qui nous représentait au pays pour ce qui touche les services numériques, explique M. Clark. Nous sommes très satisfaits des résultats. La CMRRA comprend bien comment les droits fonctionnent au Canada et a de bons contacts avec les titulaires de licences, ce qui lui permet de fournir des licences et une administration optimale de notre répertoire. La preuve est faite que la CMRRA est un excellent partenaire pour nous dans ce territoire. »
« Personnellement, je crois beaucoup à la gestion collective des droits, et c’est là que des organismes comme la CMRRA prennent tout leur sens, ajoute-t-il. Depuis les 10 à 15 dernières années, tout repose sur les données dans cette industrie — et s’il faut désormais compter sur la technologie pour accomplir le gros du travail en ce qui concerne le volume de transactions, nous avons aussi besoin d’organismes comme la CMRRA pour jeter des ponts entre le répertoire contrôlé par les artistes et les autrices et auteurs concernés, et l’utilisateur final qui diffuse quelque chose en continu, ou la clientèle qui acquiert une licence pour un morceau de musique. »
Ayant reçu une formation musicale (il joue toujours du trombone et du piano), le leader chevronné de l’industrie reconnaît l’importance de s’assurer que les artistes, les autrices-compositrices et les auteurs-compositeurs comprennent bien leurs droits d’édition, et aussi comment Round Hill et ses partenaires peuvent les aider à maximiser leurs revenus de redevances et à assurer une collecte de leurs droits opportune et précise.
« L’industrie de la musique, comme tout ce qui touche aux arts créatifs, repose sur les gens. Et je pense que l’important pour tout auteur ou autrice est de s’assurer d’être à l’aise avec son éditeur, car cet éditeur est garant de sa créativité. Les chansons sont un peu comme leurs enfants — nous sommes les gardiens de quelque chose de très précieux, d’affirmer M. Clark. Il est important pour les créateurs et créatrices de sentir que leur éditeur comprend ce que ces gens-là font et qu’il va s’occuper de la tâche essentielle de protéger leurs droits et de veiller à ce qu’ils soient rétribués équitablement. »
« Nous sommes une véritable courroie de transmission pour eux dans ce sens, avec tous les différents points de contact entre nous, les diffuseurs, les organismes de gestion collective et les agences comme la CMRRA — chargée à la fois de l’octroi des licences et de la perception des droits d’auteur —, qui travaillent tous ensemble en partenariat. »
Ayant occupé de multiples fonctions dans l’industrie au fil de plusieurs époques de changement, M. Clark n’hésite pas à aborder les enjeux et les perspectives auxquels sont confrontés l’édition musicale et l’ensemble du secteur.
« Je suis d’un naturel optimiste et je pense qu’il y a plus d’ouvertures que de défis, mentionne-t-il. Il est donc d’autant plus important de mettre en place des processus commerciaux pour gérer ces données et s’assurer que les bonnes personnes sont payées correctement et rondement. Lorsque nous examinons les perspectives qui s’offrent à nous, ce qui est fantastique, c’est que le public consomme plus de musique que jamais — tout le monde veut plus de nos produits, ce qui est tout simplement génial pour les créateurs comme pour les consommateurs. Auparavant, la musique devait être gravée sur un CD, intégrée dans un film ou diffusée à la radio pour que les gens l’apprécient. Aujourd’hui, vous pouvez écouter ce que vous voulez quand vous le voulez : il suffit de penser à tout ce qui va de l’application Peloton aux jeux vidéo comme moyens de consommer et d’explorer de nouvelles musiques. Et cela signifie que les créatrices et créateurs de musique sont payés pour la musique qu’ils ont écrite au moment où elle est consommée. »
Ayant passé sa vie à travailler dans le domaine de la musique et à siéger aux conseils d’administration britanniques de la Music Publishers Association et de l’International Confederation of Music Publishers, M. Clark estime qu’il est impératif de continuer d’acquérir des connaissances — autant pour lui comme leader de l’industrie que pour ceux et celles qui bâtissent leur carrière du côté de la création ou de celui des affaires — dans tout ce qui touche la créativité et l’innovation dans un domaine aussi dynamique et en perpétuelle évolution.
« Mon style de gouvernance est inclusif — il ne me viendrait pas à l’idée d’aller dans différents services ou divisions de l’entreprise et de lancer des ordres, confie M. Clark. Je préfère réunir les gens pour discuter et encourager le personnel. Je l’encourage à collaborer, à briser les silos et à partager les responsabilités, et ce, notamment en le formant à différents domaines d’activité. De même, il est important que non seulement nos propres autrices, auteurs, créatrices et créateurs soient informés sur ce que nous faisons, mais également les personnes qui investissent dans notre entreprise et dans le secteur de la musique afin qu’elles puissent mieux comprendre le fonctionnement de la gestion des droits. Tout cela m’incite à faire ce qu’il faut pour les auteurs, autrices et artistes que nous représentons, tout en éduquant, sans exception, tous les autres membres de notre équipe. »
« C’est formidable de travailler dans le domaine de la musique et d’être payé pour ce privilège. Cela ne cesse de m’inspirer jour après jour. »
Pour en savoir plus sur Round Hill Music, consultez le site www.roundhillmusic.com.