Michael Abitbol, New-Yorkais d’origine et vice-président principal, Affaires juridiques et commerciales du numérique chez Sony/ATV Music Publishing, a plus de points communs avec les Canadiens qu’on pourrait le croire.
C’est en effet un passionné de hockey, et il s’est également distingué en défendant les droits des auteurs et des éditeurs, à l’instar de ses collègues de l’industrie au sud de la frontière.
Michael a récemment été nommé au Comité d’éditeurs canadiens (CEC) de l’Agence canadienne des droits de reproduction musicaux (CMRRA), créé afin de superviser et de promouvoir les intérêts des éditeurs clients de la CMRRA au Canada.
« J’ai vraiment hâte de collaborer avec la CMRRA en vue d’obtenir les meilleurs tarifs possible pour les auteurs et les éditeurs », déclare-t-il.
« C’est tellement important : dans un monde où les recettes proviennent non plus des produits matériels, mais des services numériques; il est essentiel d’établir des tarifs correspondant à la juste valeur de nos chansons pour nos auteurs-compositeurs. »
On pourrait dire que Michael baigne depuis toujours dans l’industrie de la musique. Il a su dès l’âge de 16 ans qu’il suivrait les traces de son père, un gérant d’artiste reconnu.
« Lorsque j’ai dit à mon père que j’allais faire carrière dans le monde de la musique, il m’a répondu : “Non, étudie d’abord en droit; n’entre pas dans l’industrie musicale sans avoir un diplôme en poche.” »
Après avoir étudié la philosophie au collège, Michael finit par écouter les conseils de son père et s’inscrit au programme de doctorat en droit au Jacob D. Fuchsberg Law Center du Touro College, à Long Island.
« Dès l’obtention de mon diplôme de droit, j’ai fait exactement ce que je m’étais promis de faire. J’ai commencé à gérer des groupes amateurs, puis je me suis dit : “Avec mon diplôme, je peux enfin devenir gérant d’artiste.” »
Cependant, il ne tarde pas à se rendre compte qu’il a besoin de gagner de l’argent; il décide donc de travailler temporairement comme avocat à New York.
« Par chance, j’ai été embauché par un cabinet d’avocats, Davis & Gilbert LLP, qui se spécialisait dans le droit publicitaire, un domaine que je ne connaissais pas à l’époque », ajoute-t-il.
Ce cabinet d’avocats de premier plan représentait les principales agences de publicité de New York sur pratiquement toutes les questions commerciales et juridiques liées au marketing et à la publicité.
« Nous nous occupions de tout pour eux, du début à la fin, soit de la totalité de leurs contrats, licences, ententes avec des interprètes et concours, explique-t-il. Comme je connaissais bien l’industrie musicale, ils m’ont confié beaucoup de travail dans le domaine, pour mon plus grand plaisir. »
Un an plus tard, le partenaire recruteur de Michael l’invite à se joindre à lui comme associé. Il accepte son offre à la condition qu’il ne s’occupe que de tâches juridiques purement transactionnelles, comme la rédaction de contrats.
Au cours des six années suivantes, Michael collabore à des ententes relatives au divertissement et à la publicité, et conseille ses clients sur des questions liées à la propriété intellectuelle, comme les droits d’auteur, les marques de commerce, les droits de protection de la vie privée et les droits de publicité.
« Un jour, mon voisin immédiat frappe à ma porte et m’annonce : “Je viens de recevoir un appel d’un chasseur de têtes : EMI Music Publishing cherche quelqu’un pour conclure des accords dans le domaine du numérique.” »
« C’était l’occasion que j’attendais depuis toujours : j’allais enfin amorcer ma carrière dans l’industrie de la musique. »
Lorsque Michael décroche le poste au début de 2007, sa première tâche consiste à conclure la toute première entente d’octroi de licences de contenu d’EMI avec YouTube.
« Ce contrat était extrêmement complexe, car nous naviguions alors dans des eaux inconnues. À l’époque, les profits publicitaires de YouTube étaient modestes, et il n’existait pas de modèle d’octroi de licences ou de fixation de prix pour le contenu. »
YouTube est le premier d’une longue liste de contrats d’octroi de licences numériques globales conclus par Michael chez EMI Music Publishing, ces dix dernières années, et à son poste actuel chez Sony/ATV Music Publishing.
« Ce qui je préfère dans ce poste, c’est de pouvoir rédiger des contrats tout en négociant les conditions commerciales s’y rattachant. À ce titre, ma formation juridique m’est vraiment très utile : elle me permet, d’une part, d’être conscient des incidences juridiques d’un contrat et, d’autre part, de négocier des conditions offrant le meilleur des deux mondes. »
Au cours d’une journée typique, Michael passe en revue des contrats à diverses phases de rédaction, assiste à des réunions stratégiques et prépare des propositions d’affaires auprès de fournisseurs de services numériques et d’applications.
« Je lis tous les matins le Billboard Bulletin, où sont mentionnés de nombreux services avec lesquels j’ai déjà été, je suis en train ou je serai très bientôt en discussion. »
Michael préconise une approche collaborative et sans confrontation lorsqu’il s’adresse à des licenciés potentiels.
« Il est difficile de faire comprendre aux petites entreprises et aux applications technologiques qu’elles doivent payer deux redevances musicales, explique-t-il. Une entreprise communique d’abord avec une maison de disques, qui leur demande une redevance “x”; puis nous contacte, et nous devons parfois lui expliquer que la redevance “y” n’est pas suffisante. »
« Le premier contact avec ces gens est l’occasion toute désignée de bien les renseigner : je m’efforce alors de comprendre leur produit, puis je leur dis : “Voyons ensemble de quelle façon octroyer des licences en fonction des tarifs qui devraient s’appliquer.” »
En fin de compte, Michael veut faire en sorte que la musique de Sony/ATV soit intégrée dans autant de produits légitimes que possible. Il est d’ailleurs reconnaissant à l’équipe des divisions Artistes et Répertoire (A et R) d’offrir un espace de travail aussi dynamique.
« Un éditeur de musique se distingue d’abord et avant tout par sa capacité à s’occuper de ses auteurs-compositeurs, à les faire connaître, à faire diffuser leurs chansons dans des publicités, des émissions de télévision et des films, ainsi qu’à exploiter le plus largement possible le potentiel commercial de leurs compositions », déclare-t-il.
« Cela dit, je n’occuperais probablement pas ce poste sans le travail exceptionnel des divisions A et R, qui concluent avec brio des contrats avec des auteurs-compositeurs : comment pourrais-je octroyer des licences de musique à des tiers si les gens d’A et de R n’avaient pas d’abord ajouté des artistes à notre répertoire ! »
Michael vit à New York avec sa femme et sa fille de 13 ans. Avant sa nomination au CEC, il n’avait jamais siégé à un comité.