par Tabassum Siddiqui
En 2022, la CMRRA se tourne vers l’avenir. Dans ce monde en perpétuel changement, nous nous penchons sur les prochaines occasions à saisir en édition musicale. Nous discuterons avec de grands noms de notre secteur pour leur poser différentes questions : Qu’est-ce qui nous attend ? Quels changements sont-ils en cours au sein de votre entreprise ? Quelles sont vos prédictions ? Quelle chanson est-elle la bande sonore de l’avenir ? Pouvons-nous suivre le rythme ?
CYMBA, le nom de cet éditeur de musique spécialisé, basé à Toronto, est en fait un acronyme pour « Crushing Your Music Business Apathy » ou, en traduction libre, démolir votre apathie par rapport à l’industrie musicale. Il suffit de quelques minutes de discussion avec son président-fondateur, Vince Degiorgio, pour comprendre pourquoi : ce vétéran du milieu musical est tout sauf apathique.
Au cours d’une carrière qui s’échelonne sur quatre décennies, Vince Degiorgio a joué de nombreux rôles au sein de l’industrie, enchaînant les titres de vendeur, de DJ de club bien connu, de propriétaire d’étiquette, de compositeur et producteur de succès, de cadre d’A&R et, aujourd’hui, d’éditeur.
« J’ai grandi dans une maison où un mauvais album n’était pas toléré », explique-t-il quand il repense aux origines de son affection pour la musique.
« Le disco a été mon point de départ et je participe au côté rythmique de l’industrie depuis environ 40 ans. J’ai continué à composer en parallèle et j’ai réussi à me forger une place à titre d’auteur-compositeur à succès. Et maintenant, je travaille dans l’édition parce que mon objectif est toujours de pousser mon parcours encore plus loin. »
Vince démarre son entreprise, Chapter 2 Productions (qui englobe CYMBA), en 1990. L’éditeur de musique possède actuellement plus de 4 000 droits d’auteur canadiens et son répertoire compte plus de 20 auteurs-compositeurs (notamment Davor Vulama, Anwar McDonald, Young Feng et bien d’autres), 65 artistes canadiens (dont Monowhales, Shred Kelly et Matt Dusk parmi ses clients les plus notables) et 20 artistes internationaux. (dont la candidate de The Voice, Kelsie Watts).
Pour Vince, son parcours vers l’édition s’appuie sur la base même de toute entreprise d’édition musicale : la composition de bonnes chansons.
Tandis qu’il lance des simples de musique danse sous sa propre étiquette, Power Records, au milieu des années 1980, Vince se tourne vers la composition et la production de chansons, dont plusieurs qui sont devenues des succès.
« Sur le plan de la composition, j’ai eu la chance, à divers moments de ma carrière, d’être l’auteur ou le co-auteur de pièces qui ont changé ma vie, explique-t-il. Je me suis intéressé au marché international dès le départ parce qu’en 1983, j’ai co-composé une chanson sous mon étiquette, “My Forbidden Lover” par [le groupe torontois] Tapps; un album de danse qui a coûté 800 dollars à produire.
« Pendant que nous peinions à faire tourner “My Forbidden Lover” à la radio au Canada, une étiquette néerlandaise a communiqué avec nous. La chanson s’est hissée à la deuxième position du palmarès danse là-bas. J’ai alors pris conscience qu’il y avait tout un monde au-delà de nos frontières. Ironiquement, mes plus grands succès de compositeur ont connu la gloire à l’extérieur du Canada, ajoute-t-il. Mais je contrôle l’enregistrement maître et l’édition de cette chanson. Et le prochain simple de Tapps a aussi été bien reçu. »
En 1988, Vince frappe fort en produisant le simple d’Eria Fachin, « Savin’ Myself », composé par David Lodge. La pièce cartonne dans les clubs gays, se hisse au palmarès Billboard et figure même dans le populaire feuilleton britannique Coronation Street.
Une décennie plus tard, Vince Degiorgio, alors vice-président, A&R international pour RCA Records à New York, met sous contrat un petit boys band inconnu du nom de *NSYNC.
« J’ai collaboré avec eux sur la chanson “Merry Christmas, Happy Holidays” qui a financé mes Noëls pendant 20 ans » dit-il en riant.
Mais même à l’apogée du monde des maisons de disques majeures, Vince Degiorgio continue d’écrire des chansons et collabore avec des amis torontois ayant formé le groupe de danse électronique Love Inc. En 1998, il signe la co-écriture de leur populaire chanson « You’re a Superstar ».
« La pièce a connu un succès monstre au Canada, au Royaume-Uni et ailleurs. En fait, le succès est venu au Royaume-Uni deux ans après la sortie au Canada, ce qui illustre avec brio la puissance d’une bonne chanson », souligne-t-il.
Après son départ de RCA en 2001, alors qu’il se questionne sur la prochaine étape de son parcours, Vince comprend que toutes ses années à titre de compositeur et de vétéran de l’industrie convergent parfaitement avec l’univers de l’édition.
« À un certain moment, j’ai réfléchi à ce que je voulais faire ensuite, parce que j’ai honnêtement fait tout ce à quoi j’aspirais en tant qu’écrivain, après mon succès avec [la pop star néerlandaise] Caro Emerald. Aujourd’hui, je ne veux écrire qu’avec mes héros et mes amis les plus chers et les plus proches. Je suis donc devenu éditeur à plein temps – et mon travail d’éditeur consiste à essayer de prendre tous ces voyages insensés que j’ai eus et de les transformer en une voie claire pour mon équipe. »
Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite). Cependant, déterminer quel genre d’éditeur CYMBA allait devenir comporte son lot de rebondissements.
« Pour définir et établir le répertoire de CYMBA, nous avons eu plus d’un recommencement. Aujourd’hui, nous travaillons avec des formations comme Monowhales. Quand j’ai rencontré ses membres en Allemagne, j’ai tout de suite vu qu’il s’agissait d’une occasion en or; comment est-il possible que ce groupe soit inconnu? Et voilà que cette année, Monowhales a remporté le prix Juno du meilleur nouveau groupe!
« Une autre avenue que CYMBA a empruntée en tant qu’éditeur est la promotion de chansons pop sur le marché de l’exportation. Nous avons lancé beaucoup de simples au Japon et à Taïwan. Nous sommes parmi les premiers éditeurs du Canada à se rendre en Corée pour rencontrer des gens. »
Les artistes de CYMBA qui font un tabac à l’heure actuelle dans le marché asiatique comprennent le guitariste jazz originaire d’Halifax Sam Wilson et Pallmer, un duo pop-musique de chambre de Fredericton qui a su charmer Vince Degiorgio grâce à une tactique de marketing simple, mais créative : une boîte d’allumettes renfermant un bout de papier avec un code pour écouter leur musique en ligne.
« Je travaille avec le juke-box de mon époque, mais j’essaie aussi de créer la prochaine génération de titres incontournables avec les nouveaux artistes avec qui je collabore », explique-t-il.
En plus de promouvoir des chansons et artistes sur le marché international, un autre atout de CYMBA est son adoption précoce des camps de composition, 20 ans avant que de telles séances ne deviennent courantes au sein de l’industrie. Cet enthousiasme s’explique directement par l’expérience de longue date de Vince dans la composition en collaboration.
Même s’il s’inspire de sa propre trajectoire pour assurer aux auteurs-compositeurs et artistes de CYMBA une carrière aussi florissante, Vince prend garde à ne pas se replier sur le passé, mais à regarder vers l’avenir.
« Un grands défi actuellement est le volume de musique disponible qui supplante presque la vraie bonne musique, indique-t-il. J’exige donc de mes compositeurs et artistes une excellence qui ne laisse place à aucune hésitation. Par contre, ma porte est toujours ouverte. Si j’aime ce que vous faites et que j’y crois, je vais trouver de la place pour vous. »
Quoiqu’il admette ne pas être celui qui porte le plus attention aux dernières technologies, que ce soit les NFT ou de nouvelles plateformes audio, il reconnaît que les éditeurs doivent être conscients que l’industrie est maintenant fortement axée sur la technologie.
« Dans notre industrie, les données sont comme la fermeture éclair du portefeuille des éditeurs. Mais je ne veux pas que les données deviennent notre conscience non plus. C’est un équilibre très délicat à établir.
« À mon avis, les approches guidées par les données démontrent leur valeur quand on comprend la démarche. Il faut être prêt à apprendre à tout moment. »
Il précise que c’est son engagement sur les conseils et comités de diverses organisations au fil des ans (notamment l’Association des auteurs-compositeurs canadiens, les prix Juno et les prix Grammy) qui lui a permis de maintenir le lien avec d’autres éditeurs et de rester à l’affût des tendances dans l’industrie.
« C’est vraiment palpitant d’être membre du conseil d’administration d’Éditeurs de Musique au Canada dont j’ai aussi été le président pendant six ans. Compte tenu de tout ce que j’ai accompli au cours de ma carrière, c’est important pour moi de donner en retour et de collaborer avec mes pairs au sein de l’industrie. »
Vince Degiorgio souligne aussi que la CMRRA est un partenaire essentiel dans cette collaboration soutenue au sein de l’univers canadien de l’édition de musique.
« Quand je fais face à un problème, je n’ai jamais accès qu’à une seule personne à la CMRRA; j’ai plutôt l’impression de faire partie d’une grande communauté. Le travail accompli par l’équipe en arrière-plan sur le Portail des œuvres n’ayant pas fait l’objet de réclamations et l’aide et la formation offertes aux membres est un exemple parmi tant d’autres.
« C’est vraiment une belle expérience de travailler avec cette équipe. Quand vous obtenez réponse à vos questions, vous avez la chance d’annoncer de bonnes nouvelles. Et transmettre un message positif en tant qu’éditeur a un effet bénéfique sur nous tous. Nous voulons être en position pour réussir et la CMRRA est là pour nous épauler. »
Malgré les nombreux défis auxquels les éditeurs sont confrontés à l’heure actuelle, Vince Degiorgio voit l’avenir de l’édition de musique avec optimisme. Son secret : être constamment inspiré par le pouvoir d’une chanson exceptionnelle.
« Je crois que tout ce que j’ai réalisé au cours de ma carrière me permet aujourd’hui de faire des rapprochements dans l’édition, médite-t-il. Le plus drôle dans tout ça, c’est que je suis mon propre éditeur. Quand j’ai choisi une nouvelle voie vers l’indépendance pure, ce qui m’animait, c’était d’être toujours entouré par ce qui m’inspire. Je suis un enfant du disco des années 1970 et aujourd’hui, je compte dans mon catalogue plusieurs chansons qui ont rythmé mon enfance. Je suis maintenant l’éditeur d’un de mes mentors dont j’ai usé la patience quand j’avais 17 ans.
« Je suis aussi l’éditeur d’un autre mentor qui m’a pris sous son aile à New York quand j’avais 19 ans. Ces gens ont vu en moi quelque chose que je ne peux pas exprimer, car je ne sais pas trop ce que c’est. Mais ils m’ont fait confiance et aujourd’hui, je représente certains de mes héros. C’est renversant quand j’y pense. Je me sens comme un enfant dans une confiserie!
« CYMBA a été créée pour être un lieu de possibilités. Je répète souvent que la vision de mon entreprise est de reproduire la belle époque du disquaire : un endroit où tout le monde trouve toujours ce qu’il cherche. »
Quand on lui demande quelle chanson symbolise pour lui l’avenir de l’édition de musique, Vince Degiorgio mentionne un classique qu’il affectionne depuis toujours.
« La version originale de “The Look of Love” par Dusty Springfield est la chanson pop parfaite et la version d’ABC marque le deuxième chapitre de ma carrière, quand je suis passé de fan à éditeur. Je suis toujours à la recherche de la version 3.0 de cette chanson et je crois l’avoir trouvée dans “CTRL^^^” de Monowhales et “Let Go” de Rachel Cousins.
« “History Repeating” est bien plus qu’une excellente chanson des Propellerheads, c’est mon ambition à titre d’éditeur : répéter l’histoire. Mon métier, c’est du pur bonheur! »
Pour en savoir plus sur CYMBA, visitez le site Web de l’entreprise au cymbamusic.com.
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