Par Isabelle Speerin
D’une station de radio étudiante montréalaise à une carrière de 30 ans dans le domaine du droit d’auteur, David Murphy s’est donné pour mission de veiller à ce que les auteurs-compositeurs canadiens récoltent ce qui leur sont dû, un paiement de redevances à la fois. Bien que sa carrière ait commencé pendant ses études, c’est sa grande curiosité et son aptitude à prendre des risques calculés ont été la clé de voûte de son succès aujourd’hui.
Le parcours de M. Murphy en matière de gestion des droits d’auteur a commencé au début des années 1990, durant son premier emploi à temps plein à la Société du droit de reproduction des auteurs, compositeurs et éditeurs au Canada (SODRAC), où il a été initié aux mécanismes de la perception des droits et au suivi des redevances avec les sociétés étrangères. « C’est là que j’ai développé un grand intérêt pour le droit d’auteur, avoue-t-il. C’est pourquoi je continue à travailler dans ce domaine aujourd’hui. »
Désireux d’acquérir une expérience dans le domaine des maisons de disques, M. Murphy quitte la SODRAC pour diriger la division édition de la maison de disques francophone Musi-Art. Lorsque des difficultés financières surgissent à la fin des années 1990, il propose de reprendre la maison d’édition avec un accord de paiement différé . Il n’avait que 25 ans, était jeune marié et avait un bébé en route. « C’était un risque énorme, mais l’une des meilleures décisions de ma vie, se souvient-il. Mon entreprise existe depuis maintenant 27 ans. »
Au début des années 2000, M. Murphy passe cinq ans à la SOPROQ, un organisme à but non lucratif de gestion collective des droits pour les producteurs d’enregistrements sonores et de vidéos musicales, en tant que directeur général adjoint. Il cumule ces deux fonctions avec le soutien de sa conjointe et partenaire d’affaires, Mélanie : « J’avais 30 ans et plein d’énergie, se rappelle-t-il en riant. Mais je savais que travailler à la première distribution des droits voisins au Canada et aux États-Unis serait une expérience enrichissante. »
En 2005, les Murphy quittent Montréal pour s’établir dans la pittoresque ville touristique de Magog, dans les Cantons de l’Est. Ils décident de se concentrer sur la croissance de leur entreprise : « Je suis très fier d’avoir fondé une petite entreprise prospère en région avec une équipe formidable qui aime travailler ensemble et s’amuser. »
Aujourd’hui, l’entreprise de David Murphy se consacre exclusivement à la gestion des droits d’auteur pour les artistes, auteurs, autrices, compositeurs et compositrices. Grâce à une équipe de sept employés à temps plein, il gère plus d’une centaine de catalogues ainsi que les droits d’auteur et les redevances de nombreux artistes francophones, dont Gilles Vigneault, Marie-Mai, Vincent Vallières, Louis-Jean Cormier, Anik Jean, Jean-Michel Blais, Marjo, Marc Chabot et Richard Séguin. Il travaille également avec des éditeurs de musique et d’audiovisuel, notamment le Cirque du Soleil, Bravo et Bonsound.
La transparence reste essentielle dans la culture d’entreprise de M. Murphy. Elle a aussi été un facteur important à considérer au cours du développement d’une plateforme propriétaire de gestion des droits d’auteur pour que sa clientèle puisse suivre les paiements de redevances en temps réel. Cela lui permet également d’être agile dans un environnement en évolution rapide. « Il est impératif que nos clients fassent des affaires avec des partenaires qui jouent franc-jeu, précise-t-il. Et encore plus aujourd’hui avec le développement de l’IA générative. »
L’année dernière, M. Murphy a transféré plusieurs des droits d’auteur qu’il gérait à la CMRRA, y compris ceux de son entreprise. « Je suis très heureux d’avoir joint les rangs de la CMRRA et je prévois y transférer d’autres répertoires dans un avenir proche », dit-il. La CMRRA s’est clairement engagée dans la technologie et partage une culture commune avec son équipe. Le secteur de l’édition musicale est tellement complexe qu’il est agréable de travailler avec un personnel accueillant et réactif. »
Murphy est encore plus passionné par le droit d’auteur aujourd’hui que lorsqu’il a commencé sa carrière. Pendant plus de 15 ans, il a animé des cours et des ateliers sur la gestion et les accords d’édition pour l’Association professionnelle des éditeurs de musique (APEM) au Québec, qui représente les éditeurs de musique francophones à l’échelle du Canada. Il a également occupé le poste de président de l’APEM pendant quatre ans et continue de soutenir activement l’association. Il encourage les personnes à la recherche de perspectives de carrière à adhérer à l’association et à élargir leurs réseaux.
Il conseille aux personnes en début de carrière de travailler d’abord pour un éditeur de musique avant d’envisager de créer une entreprise. « La gestion des droits d’auteur repose sur des connaissances spécifiques, et il est important d’acquérir très tôt une expérience pratique des défis auxquels les éditeurs sont confrontés. » De plus, il recommande de se familiariser avec les sujets abordés durant les séminaires et conférences, ainsi que de préparer des questions à l’avance. « Vous apprendrez en participant, de souligner le vieux routier. Mais vous apprendrez encore davantage si vous êtes bien préparé. »
Lorsqu’on lui demande de mentionner un moment marquant de sa carrière , M. Murphy évoque sa rencontre avec la compositrice et pianiste néoclassique Alexandra Stréliski. Cette artiste québécoise et canadienne est devenue un véritable phénomène, récemment qualifiée par le magazine Billboard de « l’une des principales nouvelles étoiles de la musique classique moderne ». Sa carrière ne montre aucun signe de ralentissement et son ascension est fulgurante. « J’ai été le premier à croire en elle et à signer un contrat d’édition avec elle », souligne-t-il fièrement.
En 2015, Murphy a reçu le prix Christopher-J.-Reed de l’APEM, qui honore les individus qui démontrent un grand respect pour les créateurs et les droits d’auteur, et dont les réalisations mettent en évidence l’importance des éditeurs de musique. « J’ai été touché d’être reconnu par mes pairs pour ma contribution à l’industrie », rappelle-t-il. Quatre ans plus tard, il est nommé éditeur de l’année par la SOCAN pour sa contribution à l’écosystème de la musique au Canada.
Murphy vit dans les Cantons de l’Est, au Québec, avec sa conjointe. Il est le fier papa de deux jeunes adultes persévérants et déterminés. Pour en savoir plus sur sa société, David Murphy et Cie, visitez le site www.davidmurphy.ca.