C’est en suivant son cœur qu’Amanda Power a pris la voie qui la conduira à son poste de directrice générale du Fonds Unison, un organisme de bienfaisance à but non lucratif qui fournit des services de counseling et de secours d’urgence aux professionnels canadiens de la musique.
En 2003, après ses études en marketing au Collège Niagara, Power décroche son premier emploi dans le milieu de la musique : gestionnaire de la logistique des cérémonies de remises de prix et des événements à la Canadian Country Music Association (CCMA).
« Je me demandais : “Qu’est-ce que j’aime ? Qu’est-ce que je veux faire dans ma vie pour avoir envie de me lever le matin ?”, se remémore-t-elle. J’aimais le marketing et j’aimais la musique country, et j’ai pensé que c’était une bonne idée de combiner les deux. J’étais assez naïve pour croire que ce serait simple ! »
Près de 20 ans plus tard, elle est toujours une grande mélomane. Power attribue cette passion à son enfance sur la côte Est, au sein d’une famille qui aimait les bonnes chansons.
« Ma famille vient de Terre-Neuve, explique-t-elle. J’ai donc grandi en écoutant beaucoup de musique, par exemple Great Big Sea, avant même que le groupe soit repéré par une grande maison de disques, et beaucoup de musique de la côte Est. Mes parents écoutaient Buddy Holly, Elvis Presley, John Denver, Dolly Parton et Kenny Rogers. C’était ce qui jouait tout le temps chez moi pendant mon enfance. »
Son amour de la musique et sa reconnaissance pour ceux et celles qui la créent (ou qui la rendent possible) sont toujours à la base du travail que Power mène à bien à son poste actuel, dans le cadre duquel elle veille à ce que les professionnels du milieu de la musique aient accès aux ressources dont ils ont besoin pour réussir.
Après avoir travaillé dans l’industrie pendant des années pour des organismes comme les Prix JUNO et la Semaine de la musique canadienne, Power est entrée au service d’Unison en 2015, à la demande de l’ancienne directrice générale, Sheila Hamilton. Cette dernière était à planifier sa relève en vue de sa retraite. « Je n’ai même pas hésité, car je savais ce que représentait Unison. Je connaissais sa valeur pour l’industrie. Unison combinait tout ce que je voulais : il s’agissait de musique et il s’agissait de donner au suivant, de faire partie de quelque chose de plus grand et de contribuer à mon milieu. »
Power, qui a déjà travaillé pour Vision mondiale Canada, siégé à des comités et prononcé des allocutions au sein de l’industrie, était particulièrement attirée par le mandat d’Unison : être là pour venir en aide aux professionnels du milieu musical dans des moments difficiles.
« Nous sommes le cœur de la communauté musicale canadienne, indique Power. Nous sommes là pour offrir des services de soutien aux nombreux membres du milieu qui n’ont pas de filet de sécurité. Nous fournissons par exemple de l’aide financière à ceux et celles qui sont en crise et sur le point de se faire évincer de leur logement, qui n’ont pas les moyens de nourrir leurs enfants ou qui ont un problème de santé et ont besoin de soins dentaires ou autres. Unison est là. Le fonds n’est pas destiné à un sexe en particulier ni réservé aux artistes de scène ou aux artisans en coulisses. Il aide tous les membres de l’industrie d’un océan à l’autre. »
En 2018, Power est devenue directrice générale d’Unison. Elle dit que, les premières années, elle a « fait un peu de tout ». L’organisme ne comptait que quelques employés à l’époque. Puis, la COVID-19 a tout changé. Unison a toujours joué un rôle essentiel au sein de l’écosystème canadien de la musique, mais il a été plus important que jamais pendant la pandémie.
« L’industrie a cessé toutes ses activités. Mais, si la plupart des organismes de bienfaisance ont connu une chute abrupte des dons, la situation a été l’inverse pour Unison. Il a été reconnu dès le début que, pour soutenir le milieu de la musique, il fallait soutenir Unison, et nous avons reçu une somme de dons jamais vue auparavant. » Power ajoute que les dons de l’industrie de la musique, y compris de la CMRRA, et le financement des gouvernements fédéral et ontarien ont permis d’assurer qu’Unison aide les travailleurs de la musique dont les revenus ont disparu du jour au lendemain.
Pour faire face à la demande croissante, Unison a dû embaucher du personnel. L’agrandissement de l’équipe a permis à Power de se concentrer sur l’établissement d’« un vaste plan durable » pour l’organisme, qui devait trouver de nouvelles façons d’aider les musiciens, les auteurs-compositeurs et les professionnels de l’industrie à traverser la crise sanitaire et financière.
Parmi ses programmes courants, Unison a administré cette année le Fonds pour les travailleurs du secteur de la musique sur scène, financé par le ministère du Patrimoine canadien. De plus, la Fondation de la famille Slaight a soutenu un fonds destiné aux retraités du milieu de la musique. « Tous ceux et celles que nous avons aidés nous ont dit que nous avions changé leur vie, confie Power. Ça me brise le cœur qu’il y ait autant de gens qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts. Je suis atteinte du diabète de type 1 et je suis une survivante du cancer — je connais toutes les difficultés médicales qu’une personne peut avoir et je sais à quel point ça peut coûter cher. Cela peut être dévastateur pour ceux et celles qui n’ont pas de filet de sécurité ou qui n’ont pas de soutien pour assumer ces dépenses. »
Power indique qu’elle a constamment des idées de nouveaux programmes à mettre sur pied pour répondre aux besoins des professionnels du milieu de la musique, y compris des services médicaux et dentaires, une clinique de santé auditive et une initiative d’espaces sûrs pendant les tournées en cas de difficultés liées à la toxicomanie. « Unison pourrait participer à une multitude de programmes et jouer un rôle de premier plan dans leur mise en place partout au pays, dit-elle. Il faut seulement trouver des partenaires de financement qui ont la même vision. »
Dans son travail, Power collabore étroitement avec des partenaires de l’ensemble de l’industrie, y compris la CMRRA et d’autres organismes voués à l’édition musicale, comme Éditeurs de musique au Canada.
« La CMRRA est un partenaire de longue date, précise Power. Elle soutient formidablement Unison, par des dons et des collectes de fonds. Son personnel est toujours présent à nos événements et elle s’assure que son équipe comprenne ce que nous faisons afin qu’elle puisse parler d’Unison de façon concrète pour sensibiliser le milieu. Elle travaille avec nous pour nous faire connaître et encourager les gens à nous aider… pour que nous puissions les aider. »
Si les auteurs-compositeurs sont de retour en studio et que les groupes sont repartis en tournée, l’avenir de la musique demeure incertain, rappelle Power, soulignant que bon nombre de travailleurs de la musique ont dû trouver un autre emploi pendant la pandémie et ont quitté l’industrie pour de bon. Par ailleurs, il y a trois ans de retard sur les tournées, et elles arrivent maintenant toutes en même temps. Résultat : les grands noms se font réserver en premier, et il est difficile pour les artistes émergents de partir en tournée.
Malgré ces difficultés, Power demeure optimiste pour le milieu de la musique d’ici, en grande partie parce qu’elle sait que les travailleurs du secteur croient sincèrement, tout comme elle, en ce qu’est la musique : les artistes, les chansons, les spectacles et la créativité qui est à la base de tout.
« Les gens veulent revenir et s’épanouir au sein de l’industrie le plus possible, indique Power. Je crois qu’il y aura beaucoup de croissance dans le secteur, mais le chemin pour y arriver sera rude. Prenons par exemple les prix JUNO… il y a eu tellement d’artistes en nomination pour la première fois l’an dernier ! Je crois que cette tendance se poursuivra, car il y aura toujours des gens qui veulent créer. La pandémie a évidemment été une période difficile, mais je pense que la reprise continue et que nous nous en sortirons encore plus forts. »
Cette perspective s’applique également à la façon dont Power fait son travail. Près de 20 ans après avoir commencé dans le secteur de la musique, elle est plus déterminée que jamais à s’assurer que tout le monde soit en mesure de faire ce qu’il aime.
« Quand on me dit que je suis une chef de file de l’industrie, je trouve ça encore étrange. Je ne me sens pas comme ça… je fais simplement mon travail, rit-elle. Je souhaite aux jeunes avec qui je travaille et aux autres qui arrivent dans l’industrie de suivre leurs passions. Peu importe ce qui vous anime, suivez cette voie et cherchez à faire vivre votre passion dans votre carrière. »
Pour en savoir plus sur le Fonds Unison ou pour faire un don, consultez UnisonFund.ca.
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