Nous avons discuté avec Lydia Couture-Comtois, gestionnaire principale de bureau et adjointe à la direction à la CMRRA. Elle nous a parlé des aspects qu’elle aime le plus de son travail et de sa formation en techniques parajuridiques. Elle nous a aussi confié les conseils qu’elle donne aux femmes qui travaillent dans le milieu de la musique.
Vous occupez le poste de gestionnaire principale de bureau et adjointe à la direction à la CMRRA depuis près de huit ans. Quel aspect de votre travail vous passionne-t-il le plus ?
Je n’arrive pas à croire que ça fait presque huit ans déjà ! Il s’en est passé des choses depuis que je suis entrée à la CMRRA. L’un des aspects que j’aime le plus de mon travail, c’est que je suis impliquée dans plusieurs dimensions de l’Agence. Il peut s’agir d’événements qui prennent des mois ou des années à planifier, comme l’union avec la locomotive numérique SoundExchange, ou encore un changement à la direction, à la suite duquel nous avons accueilli un nouveau président innovateur à la CMRRA, Paul Shaver. Il peut aussi s’agir de l’encadrement de projets comme la rénovation des bureaux ou, plus intéressant, l’organisation d’activités pour le personnel. Sans parler de notre transition en mode télétravail en raison de la pandémie. Il y a toujours quelque chose à faire !
Il n’y a pas de journée ennuyeuse ! Je peux dire sans me tromper qu’il n’y a pas de tâche trop petite ou trop grande pour notre équipe, qui est composée de gens passionnés et dévoués qui ont une véritable passion pour le milieu de la musique. Je suis fière et privilégiée d’en faire partie. Mon poste m’offre une chance unique d’interagir avec des personnes de tous les échelons : les nouvelles embauches; le personnel des ressources humaines, des finances ou de l’exploitation; les membres des équipes de gestion et de direction; les membres du Comité d’éditeurs canadiens (qui assure et encadre l’avancement des intérêts des éditeurs de musique au Canada); nos éditeurs clients; et, même, le grand public. Grâce à la variété de mes tâches et aux différentes connaissances et compétences que je dois utiliser dans mon travail, les dernières années ont passé très agréablement.
Parlez-nous de la formation en techniques parajuridiques que vous avez reçue de la CMRRA.
J’ai toujours été un peu geek et j’ai une grande soif d’apprendre. À mes débuts dans le monde des sociétés de gestion collective de droits musicaux, j’ai travaillé à Ré:Sonne, une société de gestion des droits voisins. J’ai passé les premières journées à lire et à étudier les tarifs de droits d’auteur, j’ai adoré ça ! À ce poste qui touchait l’octroi de licences, et ensuite à la SOCAN, j’aimais expliquer aux autres les aspects juridiques. Au fil des années, j’ai continué à nourrir mon intérêt pour le droit de la propriété intellectuelle, en particulier pour les droits d’auteur musicaux.
Plusieurs années après, en 2018, j’ai reçu le soutien de toute l’équipe de direction de la CMRRA pour faire un certificat en techniques parajuridiques à temps partiel, le soir et les fins de semaine, pendant deux ans. Puis j’ai passé l’examen d’accès à la profession de parajuriste du Barreau de l’Ontario. Cet examen dure toute une journée. En Ontario, les parajuristes sont réglementés par le même organisme que les avocats et sont reconnus comme des professionnels du droit. Ils peuvent représenter des clients à la Cour des petites créances, devant des tribunaux et même pour certaines accusations criminelles.
Les cours du programme abordent différents thèmes, comme les éléments de preuve et le processus de litige, l’emploi, le droit criminel et administratif, les délits, les contrats, la comptabilité juridique ou la gestion de la pratique privée. Après deux années de travail acharné (et je remercie mes condisciples du Collège George Brown d’avoir rendu le tout super amusant et stimulant), j’ai passé l’examen du Barreau et je suis officiellement devenue parajuriste agréée en mars 2020. Je crois que cet examen a été le dernier examen que le Barreau a tenu en personne avant que la pandémie nous frappe.
Au fil des années, y a-t-il eu des nouveautés importantes qui ont changé la donne pour les éditeurs de musique et les auteurs-compositeurs indépendants ? Et, selon vous, quels sont les prochains changements à venir ?
J’ai travaillé dans le domaine des droits voisins, d’exécution et de reproduction. Depuis une dizaine d’années, un thème commun revient sans cesse : les choses changent constamment, en particulier la technologie. Je ne veux pas trahir mon âge, mais je fais partie de la génération qui a été témoin de l’arrivée d’Internet. À l’époque, si quelqu’un m’avait dit que je pourrais bientôt transporter mon téléphone dans ma poche, et que ce téléphone me servirait de caméra, d’outil de navigation, de boîte de courriels et de baladeur, le tout sans fil, je ne l’aurais jamais cru ! Et maintenant, je ne peux imaginer ma vie sans mon téléphone.
La rapidité à laquelle la technologie évolue est fantastique, car elle rend la musique chaque fois plus accessible et permet aux créateurs d’interagir directement avec leurs admirateurs et avec d’autres créateurs. La musique est partout, au simple toucher d’un bouton ou par commande vocale, et j’adore ça, en grande partie. Je suis de ceux qui écoutent de la musique sans arrêt, au travail, dans le métro, quand je cuisine, partout.
Une autre partie de moi un problème dans cette abondance. D’abord, la quantité est-elle préférable à la qualité ? Ensuite, il y a tellement de musique accessible à tous en tout temps, comment les créateurs peuvent-ils se démarquer des autres et suivre le rythme de cette technologie en éternelle mutation, tout en trouvant le temps de se concentrer sur la création ? En plus d’être de bons compositeurs et paroliers, ils doivent tout à coup comprendre différentes plateformes en ligne et différents algorithmes pour gérer leurs œuvres, fournir des métadonnées, apprendre à se mettre en marché dans un monde qui les regarde en tout temps, comprendre les différentes lois sur le droit d’auteur, qui varient d’un territoire à l’autre, etc. Les éditeurs de musique se sont bien adaptés à ce nouvel univers. Ils apportent aux auteurs-compositeurs des compétences et des connaissances approfondies très précieuses, en technologie et en affaires, en plus de les aider dans le processus de création tout en leur donnant le temps et les ressources pour continuer à créer et à s’épanouir en tant qu’artistes. Comme nous avons accès à la musique en tout temps, les éditeurs, de concert avec des organismes comme la CMRRA, sont essentiels pour veiller à ce que la valeur de la musique ne soit pas oubliée ni mal calculée. Selon moi, leur importance ne fera qu’augmenter au fil de l’évolution des technologies.
Le 8 mars est la Journée internationale des femmes. Nous avons réalisé beaucoup de progrès vers l’atteinte de la parité entre les hommes et les femmes au sein du milieu de la musique, mais cette journée nous permet également de constater ce qu’il reste à faire. Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui travaillent dans l’industrie ?
Je ne prétends pas être une autorité en ce qui concerne l’égalité hommes-femmes dans l’industrie. Je suis une femme francophone qui vit à Toronto et qui travaille dans le milieu de la musique. Je suis sensibilisée aux problèmes d’inégalité salariale, de sous-représentation, de discrimination, de harcèlement, d’âgisme, etc. Il y a vraiment encore beaucoup de travail à faire pour atteindre l’égalité, que ce soit entre les sexes ou autre. Mais je suis convaincue que nous sommes sur la bonne voie et que des changements positifs importants ont déjà eu lieu. Les initiatives comme les concerts Honey Jam et le programme Women in the Studio d’Éditeurs de musique au Canada me donnent raison. La sous-représentation est certainement un enjeu important, mais j’ai aussi eu la chance de travailler avec des femmes formidables que j’ai souvent vues comme des mentores. Aussi, le soutien que l’on s’apporte mutuellement permet de faire avancer les choses dans la bonne direction. Mon conseil, que j’adresse à tout le monde, est en apparence tout simple : connais ta valeur et ne laisse personne te faire douter de cette valeur ou te sous-estimer. Fais du réseautage et entoure-toi de ceux et celles qui voient ta lumière. Si certains veulent rester dans le noir, c’est une perte pour eux. Sois solide, mais aimable. Et prends soin de toi. N’hésite pas à demander de l’aide ni à offrir ton aide. Exprime-toi, même lorsque tu as l’impression que personne ne t’écoute. Car nous ne savons jamais qui est à l’écoute et qui sera inspiré par nos paroles.
Que faites-vous dans vos temps libres ?
Dernièrement, en raison de la pandémie, j’ai passé beaucoup de temps chez moi avec les deux chats que j’ai adoptés dans un refuge, mais j’espère pouvoir voyager bientôt. J’adore partir sur la route avec ma sœur. Je suis la plus jeune de quatre filles. Les deux aînées vivent toujours dans la région de Montréal, près de la petite ville où j’ai grandi, et Stéphanie, la troisième, vit ici à Toronto et elle est généralement ma conductrice désignée. Nous mettons la musique à fond, chantons comme si personne ne pouvait nous entendre (et j’espère que personne ne nous entend !) et nous profitons de la route. La plupart du temps, la destination n’a pas d’importance, même si je sens toujours l’appel de l’océan. Peut-être parce que j’ai passé du temps en Gaspésie quand j’étais plus jeune et que j’ai déjà habité en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. J’adore les concerts et j’ai vraiment hâte de pouvoir aller me mêler aux foules quand ce sera possible !
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