L’article interne de ce mois-ci met en vedette Eric Cohen, agent de liaison pour le marché québécois au sein de l’équipe des communications et des relations avec l’industrie de la CMRRA. Apprenez-en davantage sur l’histoire impressionnante d’Eric dans l’industrie de la musique et sur sa passion pour l’industrie québécoise.
Vous occupez depuis peu le poste d’agent de liaison avec le marché québécois au sein de l’équipe des communications et des relations avec l’industrie de la CMRRA. Parlez-nous de vos fonctions.
Ce poste représente beaucoup pour moi, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, en tant que compositeur et mélomane, c’est une merveilleuse occasion pour moi d’observer le milieu sous tous les angles et d’avoir un aperçu des rouages internes d’une industrie en constante évolution. L’ère numérique est à la fois passionnante et un peu effrayante pour les gens de notre secteur, mais il est très rassurant de faire partie d’une équipe qui s’adapte constamment aux réalités de l’édition musicale.
Mon poste à la CMRRA est plutôt unique, puisque je suis consultant en matière de relations avec l’industrie pour le Québec. C’est un rôle que je prends très à cœur. Le Québec est effectivement une société distincte, surtout en ce qui concerne les normes culturelles, les habitudes d’achat et de consommation, les goûts musicaux et les points de référence de la culture populaire. Il est important de célébrer cette différence. Les gens d’ici se rallient à leurs artistes et les soutiennent plus que partout ailleurs dans le monde — c’est pourquoi le Québec possède l’un des star systems les plus incroyables que j’aie vus sur la planète. Le Québec mérite une médaille d’or pour la ferveur avec laquelle il appuie sa production culturelle ! Cependant, il est difficile d’adopter une démarche unique pour tous nos clients, et nous sommes parfaitement conscients que le Québec fait les choses un peu différemment. Il est donc logique d’avoir quelqu’un sur le terrain pour s’assurer que le milieu musical de la Belle Province est bien représenté au sein de l’industrie, de notre pays et du secteur international de l’édition musicale en général. Nous avons des éditeurs extraordinaires qui lancent régulièrement des œuvres révolutionnaires et des succès très populaires, et je suis fier d’y contribuer.
Quelle facette de votre travail dans le milieu musical québécois préférez-vous ?
La camaraderie ! J’ai été DJ au grand magasin HMV du centre-ville de Montréal, et j’ai rencontré énormément de gens (des collègues, des musiciens, des fans, des promoteurs, des gérants, des agents, de représentants de maisons de disques, etc.). Des dizaines d’années plus tard, beaucoup d’entre eux sont encore des amis très proches. En fait, tout récemment, j’ai participé à une foule de festivals de musique et je n’étais jamais, jamais seul, car je croisais toujours de vieux amis qui travaillent encore dans le milieu. L’industrie de la musique au Québec est une grande famille — la plupart des gens se connaissent, il y a très peu de mauvaise concurrence. Il y a toutefois beaucoup de bonne concurrence ! Les auteurs-compositeurs et les interprètes se soutiennent beaucoup ici, au Québec, et il y a de plus en plus de collaboration entre les artistes et les auteurs-compositeurs anglophones et francophones. C’est un environnement très enrichissant.
Le Québec est aussi un incroyable vivier de talents, dans un très grand nombre de styles. En ce moment, le hip-hop francophone et franglaisa un succès monstre. C’est extrêmement stimulant de voir tout ce potentiel et de l’aider à briller. Nous avons également certains des meilleurs festivals de musique du monde, du Festival de jazz aux Francofolies, en passant par Osheaga, Lasso, ÎleSoniq, POP Montréal, M pour Montréal, Nuits d’Afrique, Le Festif !, le Festival d’été de Québec, et j’en passe. Pour un mélomane comme moi, c’est un environnement idéal.
Vous avez récemment enregistré votre catalogue auprès de la CMRRA (félicitations !). Parlez-nous de vos expériences de travail dans l’industrie de la musique et du chemin qui vous a conduit à la CMRRA.
Je travaille dans le milieu de la musique depuis aussi très longtemps. J’ai commencé comme employé du HMV, puis j’ai travaillé à MusiquePlus et à Global TV comme critique musical.
Mon premier groupe était un groupe de garage avec des amis du secondaire, mais notre gérant et roadie était un certain futur premier ministre ! Sans blague ! Si nous nous rencontrons un jour, vous me poserez vos questions à ce sujet. Depuis, j’ai joué dans plusieurs autres groupes : un groupe rock (Puddy), un groupe hommage aux films Rocky (Balboa), un groupe de rock spatial (Buzz Cooper). J’ai fait une tournée en Amérique du Nord et en Europe et sorti un album acclamé par la critique dont je suis plutôt fier, avec mon ancien groupe, USA Out of Vietnam.
J’ai également un projet TikTok et Instagram sur le air drumming (consultez airdrumguy sur TikTok) et je travaille avec de nombreux clients en tant que producteur de contenu, notamment Evenko et Juste pour rire, les émissions Family Feud, Dragon’s Den et Transplant, et une variété de festivals de musique, notamment quelques-uns que j’ai mentionnés tout à l’heure. J’ai également travaillé comme producteur pour The Today Show (NBC) et Entertainment Tonight Canada, et j’anime parfois du contenu pour Qello Concerts et Stingray Music. Je suis un chroniqueur régulier de l’émission L’effet Pogonat sur Ici Musique.
Je travaille sur la scène musicale montréalaise depuis des dizaines d’années. Il me semblait donc logique d’accepter ce poste de relations avec l’industrie pour le Québec à la CMRRA.
Quelles chansons québécoises sont des incontournables de toute bonne liste de lecture ?
Il y a tellement de musique incroyable au Québec qu’il est presque impossible de savoir par où commencer. Parmi mes préférés, il y a bien sûr mon homonyme, M. Leonard Cohen. Que puis-je dire qui n’ait pas déjà été dit sur le grand Leonard ?
Il y a d’excellents artistes d’hier et d’aujourd’hui que tous les Canadiens et Canadiennes devraient connaître. Robert Charlebois était un rockeur hippie qui avait une grande affection pour le peuple québécois. De leur côté, les gars d’Harmonium font partie des musiciens de rock progressif les plus importants de leur époque. Ils fusionnaient le rock orchestral dans la veine de Supertramp à la musique folklorique québécoise. Illégal du groupe Corbeau et de sa chanteuse Marjo est l’une des meilleures chansons québécoises des années 1980, tout comme L’Affaire Dumoutier (qui raconte un meurtre effrayant) de The Box. Toujours dans les années 1980, Men Without Hats et Corey Hart ont représenté Montréal dans le monde entier, tandis que Jean Leloup commençait à peine. Je pense que Jean Leloup incarne parfaitement la musique québécoise : tout comme lui, elle est excentrique, funky, drôle et bouleversante, elle rocke et elle est pleine de singularités propres au Québec.
Des artistes étonnants sont aussi apparus au cours des 20 dernières années : Malajube, qui a conquis le marché indé américain avec un album entièrement en français; Dead Obies, qui rappe en franglais, ainsi que les hip-hoppeurs d’Alaclair Ensemble, qui mêlent le joual aux rythmes trap pour faire vibrer le monde entier. Il y a des artistes comme Arianne Moffat, Pierre Lapointe — des chansonniers modernes — et des groupes comme Besnard Lakes et Teke::Teke, qui portent le psychédélisme à un autre niveau. Des DJ comme Kid Koala et A-Trakare font partie des artistes les plus prolifiques et les plus talentueux du jeu des platines. Il faut aussi écouter Les Louanges et Hologramme, et d’autres nouveaux artistes.
En fait, il y en a trop pour tous les nommer, car le Québec produit certaines des meilleures chansons du monde, alors il faut vraiment plonger dans cet universe.