Par Jonathan Dekel
La pandémie actuelle a obligé la majorité des travailleurs à modifier leur façon de faire, mais, pour Natalie Madaj, vice-présidente des licences numériques pour l’Amérique du Nord chez Warner Chappell, peu des choses ont changé. « J’ai eu la chance de travailler assez souvent à distance depuis que je suis chez Warner Chappell, indique-t-elle. Je suis donc plutôt habituée. »
Seule membre de l’équipe numérique établie sur la côte Est, Madaj, qui habite actuellement Washington, passe la majeure partie de son temps en communication avec des collègues de Londres et de la côte Ouest, pour s’assurer qu’ils demeurent à l’affût de l’évolution du panorama de l’octroi de licence et des technologies.
« En règle générale, dans le monde numérique, nous suivons constamment les nouvelles caractéristiques et technologies, explique-t-elle. Nous travaillons à établir des partenariats et à veiller à ce que les fournisseurs de services numériques obtiennent les droits appropriés en amont. Je passe donc beaucoup de temps à m’assurer que l’on communique avec eux et à guider leur façon de voir l’obtention de licences musicales. »
À titre de chef des licences numériques pour l’Amérique du Nord, Madaj est à l’avant-garde d’une nouvelle époque. Elle collabore avec une jeune équipe hétérogène qui travaille avec les nouvelles plateformes, mais aussi avec la nouvelle Music Licensing Collective (MLC). L’entité mise sur pied par le gouvernement américain contribue à mettre à jour et à façonner la frontière entre le juridique et le musical. Madaj, qui fait partie d’un sous-comité de la MLC, confie : « Nous étudions la prochaine façon de délivrer des licences volontaires pour les droits de reproduction mécanique aux États-Unis. »
Madaj a aussi déjà travaillé avec le Copyright Royalty Board. « C’était fascinant, car j’ai pu observer comment les taux sont établis pour la majorité des services de musique audio des États-Unis. »
Même si la majeure partie de son travail a lieu dans l’univers numérique, l’admiration de Madaj pour la musique a commencé dans le monde physique. Aînée de cinq enfants, elle a grandi dans une famille de musiciens dont tous les membres ont joué d’un instrument de la première année du primaire à la dernière année du secondaire. « Donc, j’adore la musique, sourit-elle. Mais je ne suis pas une interprète. » Elle décide plutôt d’étudier dans le domaine de l’industrie de la musique, à l’Université de Caroline du Sud. Elle trouvera sa voie dans un cours de droit de la musique : « L’idée de travailler à des contrats dans le milieu de la musique m’a enchantée. »
Par la suite, elle entre à l’école de droit et, peu après, fait un stage à la National Music Publishers Association, à Washington, où elle travaille pendant près de cinq ans, gravissant les échelons jusqu’au poste de conseillère juridique principale, Affaires commerciales et application de la loi.
« J’ai beaucoup travaillé dans la lutte contre le piratage, mais j’ai adoré tout ce qui touchait aux ententes de licence. Nous avons constaté les besoins à ce chapitre au sein de l’édition musicale, et avons négocié un modèle avec option d’adhésion. Je me suis aperçue que l’édition était vraiment le secteur dans lequel je voulais concentrer mes efforts. »
Elle a par la suite occupé le poste de directrice des affaires commerciales et juridiques à Global Music Rights (GMR), une entreprise en démarrage de Los Angeles dirigée par le magnat de la musique Irving Azoff. La société offrait un tout nouveau modèle en ce qui a trait aux droits d’exécution. « C’était super stimulant », dit-elle en se remémorant ses années à GMR, où elle a travaillé aux dossiers de droits des plus grands noms de l’édition, notamment Drake, Gershwin et Springsteen. « J’ai beaucoup appris de personnes compétentes et très cool dans ce secteur. Et, comme c’était une jeune pousse, j’ai participé à des projets réellement intéressants. »
Cette expérience a fait d’elle la candidate idéale pour la division des licences numériques pour l’Amérique du Nord de Warner Chappell. « C’est le type de licences qui m’intéresse le plus, car il me permet d’être à l’avant-garde des innovations que les créateurs envisagent pour intégrer leur musique dans de nouveaux produits ou services », de confirmer Madaj.
Comme elle s’occupe en plus d’un jeune répertoire rempli de vedettes (« Nous venons d’ajouter Lizzo », confie-t-elle), Madaj affirme qu’elle occupe une position idéale pour avoir de grandes retombées sur l’industrie tout en continuant de façonner l’avenir. « Je suis très fière et ravie de faire partie d’une si petite équipe qui génère autant de revenus pour le secteur. »
Bien entendu, l’univers numérique comporte des difficultés qui lui sont propres. Madaj et son équipe travaillent avec beaucoup de métadonnées et de rapports, étant donné le volume de contenu numérique offert. « Évidemment, le manque de valorisation de la musique de la part des titulaires de licence pose constamment des défis, dit-elle. Mais, inversement, il y a aussi d’énormes possibilités, par exemple, les cours de conditionnement physique en ligne, qui ont la cote actuellement, pour des raisons évidentes. »
Tous ces aspects correspondent parfaitement à la mentalité d’inclusion qui guide Madaj depuis qu’elle est tombée amoureuse de la musique. Interrogée sur la valeur d’une chanson, elle affirme : « La valeur d’une chanson est entièrement subjective; elle dépend des souvenirs et des émotions que la pièce évoque pour un auditeur en particulier. Une chanson recèle différents pouvoirs, notamment faire voyager celui ou celle qui l’écoute dans le temps et dans l’espace, lui donner simplement l’énergie nécessaire pour un entraînement ou offrir une trame sonore à des moments charnières de sa vie. Il me tarde de voir quelle sera la prochaine façon d’utiliser la musique. »
Natalie Madaj est membre du comité d’éditeurs canadiens de la CMRRA.
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