Tous ceux qui connaissent Jeff Brabec, vice-président aux affaires commerciales et juridiques de BMG, savent que le respect qu’il éprouve pour les auteurs-compositeurs repose sur sa profonde reconnaissance envers le talent créatif.
Ancien artiste et auteur-compositeur, Jeff a toujours été attiré par la musique. Au secondaire, il jouait dans un groupe de reprises rock avec son jumeau, Todd, avec qui il a par la suite formé Reunion, à l’époque où les deux frères étaient partis étudier à l’école de droit de l’Université de New York. Le groupe avait même signé un contrat de disque avec Audio Fidelity Records.
« Nous avons lancé un album tout juste après la fin de nos études, raconte Jeff. Nous avons eu de bonnes critiques, mais de très mauvaises ventes. »
Leur diplôme de droit en poche, Jeff et Todd déménagent à Chicago, où ils sont avocats à l’aide juridique pour le gouvernement des États-Unis. Ils y représentent des citoyens à faible revenu.
« Après deux ans, nous avons décidé de retourner à New York, car nous voulions travailler dans le milieu de la musique. Nous nous intéressions particulièrement à ses aspects juridiques et commerciaux », confie-t-il.
Les jumeaux atterrissent à l’American Society of Composers, Authors, and Publishers (ASCAP); Jeff y offrira des conseils en matière d’affiliation et de distribution pendant deux années. De son côté, son frère travaillera pour l’organisme pendant 37 ans, à titre de premier vice-président à l’affiliation.
« Les sociétés de gestion des droits d’auteur, comme l’ASCAP ou la CMRRA, constituent l’un des meilleurs endroits pour entreprendre une carrière, déclare Jeff. Une expérience formidable, que je recommande à tout le monde. »
Après son passage à l’ASCAP, Jeff exerce son métier pendant quatre ans en pratique privée, puis déménage à Los Angeles à la fin des années 1970 pour occuper le poste de directeur des affaires commerciales à Interworld Music Group.
« Curieusement, mon frère a été muté à Los Angeles cinq jours avant moi, donc, du jour au lendemain, nous avons tous les deux déménagé de New York à Los Angeles. »
Jeff est demeuré à Interworld pendant quatre ans; il a ensuite travaillé à Arista Music, au Welk Music Group et au Polygram Music Group, maintenant l’une des sociétés de divertissement les plus importantes du monde depuis son acquisition de Welk.
Brabec a par la suite travaillé chez Chrysalis, un éditeur de musique indépendant du Royaume-Uni, sa maison pendant 18 ans. Puis, en 2011, Chrysalis a été acquise par BMG, et Jeff est devenu vice-président aux affaires commerciales et juridiques pour l’Amérique du Nord.
« Comme vous le voyez, j’ai participé à plusieurs ventes d’entreprise, dit-il en riant. Je m’en suis toutefois toujours plutôt bien tiré. »
Quatrième éditeur de musique du monde, BMG, qui a ouvert ses portes en 2008, représente plus de 2,5 millions de chansons.
« Même si BMG est une énorme entreprise, nous essayons de garder une attitude indie; nous sommes là pour représenter les auteurs-compositeurs », explique-t-il.
Le catalogue de BMG est impressionnant : David Bowie, Blondie, Billy Idol, Kurt Cobain, Bruno Mars, John Legend, Roger Waters, ZZ Top, OutKast, Devo, Paul Anka, Steven Perry, Dan Wilson, Jethro Tull, Hal David, Jessie Reyez, Karl Wolf et Lindsay Ell, pour ne nommer que ceux-là.
Le rôle premier de Jeff est de faciliter les acquisitions de sociétés d’édition de musique, de catalogues et de chansons, ainsi que de soutenir les contrats de redevances aux auteurs-compositeurs, de coédition, d’administration et de sous-édition.
« Je joue également un rôle lorsque l’un de nos auteurs compose de la musique pour une pièce de Broadway, un film ou une émission de télévision, puisque ces négociations sont un peu plus complexes que les activités courantes », précise-t-il.
Selon Jeff, BMG se démarque de ses concurrents pour son agilité et sa capacité à conclure des ententes justes.
« Il n’y a pas beaucoup d’échelons, ce qui nous permet d’agir rapidement. C’est très important dans le milieu. »
Lorsque nous lui demandons en quoi l’édition musicale a changé depuis 20 ans, il indique que les éditeurs se butent à davantage de difficultés de nos jours, simplement en raison d’Internet.
« Je ne crois pas que le rôle de l’éditeur ait beaucoup changé en tant que tel, précise-t-il. Ce travail est toutefois plus difficile qu’avant. Les atteintes aux droits d’auteur sont monnaie courante, il y a de nouveaux types de structures d’octroi de licences, de nouveaux médias, une nouvelle terminologie, de nouveaux modes de distribution. »
Malgré tout, Jeff est un inconditionnel de la technologie.
« La technologie permet aux gens d’écouter encore plus de musique, affirme-t-il. Elle offre aussi aux artistes et aux auteurs-compositeurs des occasions de faire entendre leurs œuvres, ce qui n’existait pas à l’époque. »
Et d’ajouter : « Il faut parvenir à dompter la technologie et à faire en sorte que les auteurs-compositeurs soient rémunérés, ce qui constitue le grand problème à l’heure actuelle. »
La rémunération juste, voilà l’un des enjeux dont discutent Jeff et ses confrères au sein du Comité d’éditeurs canadiens (CEC), qui offre de l’orientation à l’égard des activités canadiennes de défense d’intérêts ainsi que de l’établissement de tarifs et de taux. Le CEC est la voix des clients éditeurs de musique de la CMRRA.
« J’ai toujours respecté la CMRRA, car elle a véritablement les auteurs-compositeurs et les éditeurs de musique à cœur », mentionne-t-il.
En plus de son travail chez BMG, Jeff a coécrit l’ouvrage Music, Money, and Success: The Insider’s Guide to Making Money in the Music Business avec son frère Todd.
« Nous venons d’en achever la huitième édition, qui sortira en octobre. Nous avons ajouté environ 100 pages, qui portent essentiellement sur les nouvelles technologies. »
Jeff est professeur adjoint à la division commerciale de l’École de musique Thornton de l’Université de Californie du Sud, où il enseigne l’édition musicale et l’octroi de licences connexes.
« L’enseignement, c’est génial. J’adore échanger des opinions avec les jeunes qui sont sur le point d’entreprendre une carrière du côté commercial de la musique. »
Il est également conseiller de rédaction au magazine Entertainment Law & Finance, a coécrit avec son frère Todd le chapitre sur le droit de l’édition musicale du livre The Essential Guide to Entertainment Law: Dealmaking/Intellectual Property, et a rédigé des articles sur l’industrie de la musique qui ont été publiés notamment dans le New York Law Journal, Advertising Age, Hollywood Reporter et Entertainment and Sports Lawyer.
« J’adore écrire sur ce qui se passe dans le secteur de la musique, en particulier en ce qui a trait à l’octroi de licences, car beaucoup d’ayants droit sont déroutés lorsqu’une personne communique avec eux pour leur dire qu’elle veut utiliser l’une de leurs chansons », affirme-t-il.
Jeff a reçu le prix Deems Taylor pour l’excellence en journalisme musical et le prix Texas Star remis par la Division du droit des sports et du divertissement du Barreau du Texas pour sa contribution et ses réalisations extraordinaires dans le domaine.
Par Isabelle Speerin