Ce mois-ci, notre rubrique Avant-scène est consacrée à Sacha Isaacksz. Sacha s’est lancé dans la vie professionnelle grâce à son amour de la musique. Il porte deux casquettes, à la fois comme DJ à l’émission Roz & Mocha Show sur KiSS 92.5 et comme avocat dans l’industrie de la musique.
Certains vous connaissent comme le DJ de la populaire émission Roz & Mocha Show sur KiSS 92.5, mais vous travaillez également avec l’équipe des affaires commerciales de la CMRRA. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre rôle et comment vous êtes arrivé à la CMRRA ?
Comme beaucoup de mes collègues de la CMRRA, j’ai développé une passion pour la musique dès mon plus jeune âge. Cela m’a amené à poursuivre des carrières parallèles à la fois comme DJ et comme avocat dans l’industrie de la musique. En tant que DJ, je me suis joint au Roz & Mocha Show sur KiSS 92.5 en 2010. La même année, je suis devenu directeur des affaires juridiques et commerciales à CONNECT Music Licensing, où je supervisais les programmes de licences traditionnelles et numériques. Avec cette expérience dans le domaine des licences musicales, la transition vers le travail avec l’équipe des affaires commerciales de la CMRRA s’est faite tout naturellement.
Dans mes fonctions actuelles à la CMRRA, je travaille à un large éventail de questions qui englobent les domaines juridiques, contractuels et commerciaux. J’assiste notamment l’équipe des affaires juridiques et commerciales dans la rédaction, l’examen et la négociation de licences et d’autres accords. Je fournis également un soutien sur les questions tarifaires qui peuvent se présenter et travaille avec l’équipe aux questions juridiques quotidiennes et aux projets spéciaux.
Comment conciliez-vous les aspects créatifs et commerciaux de vos deux fonctions dans l’industrie ? Quelles sont les compétences que vous jugez transférables entre votre travail de DJ et votre carrière d’avocat ?
Bien que le fait de travailler à la fois comme avocat dans l’industrie musicale et comme DJ puisse sembler atypique, ces deux carrières me semblent complémentaires à bien des égards. Ma formation juridique m’a sans aucun doute aidé à naviguer dans ma carrière de DJ et à la développer, qu’il s’agisse de négocier mes concerts à mes débuts dans les clubs de Toronto ou d’obtenir des commanditaires pour mes tournées nationales de DJ. D’un autre côté, mon expérience en matière de création et de spectacle me permet d’apporter une perspective à multiples facettes lorsque je travaille avec les titulaires de licences, la clientèle de la CMRRA ainsi qu’avec les parties prenantes de l’industrie.
En ce qui concerne les compétences transférables, il y a certainement des compétences qui me sont utiles dans les deux fonctions. L’une des plus importantes est la créativité. En tant que DJ, la créativité est au premier plan — elle est essentielle pour produire des remix particuliers, organiser des sets attrayants et diffuser des mix uniques à la radio, surtout lorsque l’objectif est de captiver un auditoire et de se démarquer au sein de la communauté des DJ, qui ne cesse de grandir.
De même, la créativité est une compétence indispensable pour les avocats. Qu’il s’agisse de mettre au point une stratégie juridique pour traiter une nouvelle question ou de négocier un accord qui offre de réels avantages à toutes les parties, l’équipe des Affaires commerciales de la CMRRA doit souvent proposer des solutions commerciales innovantes pour répondre aux besoins de notre clientèle et de nos partenaires.
Les compétences en matière de recherche et d’analyse sont également très importantes dans chacune de mes fonctions. En tant que juriste, je fais fréquemment des recherches sur diverses questions. L’analyse qui en découle influe souvent sur les décisions commerciales. De même, lorsque je programme des émissions de radio hebdomadaires, j’effectue des recherches approfondies en utilisant de nombreuses sources différentes, notamment les palmarès musicaux actuels, historiques et tendanciels. Pour chaque chanson, j’étudie des paramètres clés tels que la structure de la chanson, le tempo, la tonalité, le rythme, l’ambiance et bien d’autres choses encore. L’analyse continue de ces recherches m’aide à prendre des décisions en matière de programmation, qu’il s’agisse de choisir les chansons qui seront intégrées à l’un de mes mix radio ou de déterminer précisément comment et quand la chanson sera intégrée à l’émission.
J’ai constaté que de nombreuses autres compétences et qualités sont bénéfiques dans les deux rôles, par exemple les compétences de négociation, le souci du détail, la gestion du temps et la capacité d’adaptation. Dans l’ensemble, je pense que chacun de mes rôles a enrichi mon approche de la pratique juridique et de mon activité de DJ.
Y a-t-il des tendances clés en matière d’octroi de licences qui, selon vous, pourraient avoir une incidence sur l’industrie musicale dans un avenir proche ?
L’IA est devenue un facteur important dans de nombreuses industries au cours des dernières années. Son incidence sur l’octroi de licences musicales est en constante évolution, et ses répercussions potentielles sont encore en train de se déployer dans l’ensemble du secteur. Des chansons non autorisées générées par l’IA et utilisant des voix imitant celles d’artistes populaires comme Drake et The Weeknd ont été visionnées par des millions de personnes sur diverses plateformes. Cela souligne le fait que les questions de propriété intellectuelle et de protection des titulaires de droits devront être soigneusement abordées et scrutées à mesure que l’utilisation de l’IA dans l’industrie musicale évoluera.
En même temps, je suis optimiste quant aux nouvelles approches en matière d’octroi de licences liées à l’IA qui pourraient se développer à l’avenir. Il y a eu d’autres technologies perturbatrices par le passé qui ont finalement mené à de nouvelles possibilités d’octroi de licences. Par exemple, nous avons assisté à l’évolution du marché du streaming, qui est passé du far west de l’époque de Napster au marché florissant de la diffusion en continu d’aujourd’hui. J’ai bon espoir que l’IA, avec la mise en place de garanties et de mesures de protection adéquates, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives aux créateurs et créatrices en matière d’octroi de licences musicales.
Quelles recommandations donneriez-vous aux DJ en herbe qui cherchent à se faire une place dans l’industrie ?
La popularité de la culture DJ s’est considérablement accrue au cours des dix dernières années. En outre, l’évolution du matériel de DJ (à la fois matériel et logiciel) a rendu l’apprentissage du métier plus accessible à toute personne qui s’y intéresse. Bien qu’il soit plus facile que jamais pour les nouveaux venus de se lancer dans le métier de DJ comme passe-temps, il s’avère difficile de percer sur la scène et d’obtenir des concerts.
J’aimerais donner trois conseils à ceux et celles qui cherchent à percer dans le secteur.
Perfectionner ses compétences est essentiel. Il s’agit notamment de maîtriser les compétences techniques qui peuvent s’appliquer à votre genre musical particulier (comme le mixage, le mélange, le scratching et d’autres techniques de DJ). Cela signifie également d’apprendre à utiliser vos outils et de bien connaître votre équipement.
Il est essentiel de développer un son unique. Il y a maintenant toute une génération qui a grandi en écoutant des DJ dans les clubs, les stades et les festivals de musique. Le public est plus habile que jamais à reconnaître les DJ et les styles de mixage qu’il apprécie, d’où l’importance de créer sa propre signature sonore.
Le réseautage est primordial dans l’industrie. Le fait d’entrer en contact avec d’autres DJ, des promoteurs et des lieux pourrait vous aider à décrocher votre prochain contrat. À l’époque où j’étais DJ au pub de mon campus un soir, pendant mes années d’université, c’est une conversation avec un promoteur de club torontois bien établi qui m’a finalement mené à une résidence de sept ans au Guvernment, l’un des lieux les plus légendaires de Toronto.