Par Isabelle Speerin
Bob Bruderman, vice-président directeur des Partenariats numériques mondiaux de Kobalt, savait que le vent était en train de tourner. Après avoir passé 11 années à Sony Music Entertainment, qu’il a principalement consacrées à l’édition et à la direction de contrats numériques complexes, il lui est apparu clairement que l’industrie était à l’aube d’importants bouleversements.
Fondée en 2000 par un saxophoniste suédois, Kobalt a innové en mettant en place un modèle radicalement nouveau qui permettait aux auteurs-compositeurs de conserver la pleine titularité de leurs droits d’auteur et leur offrait un accès sans précédent aux données de diffusion en continu. « Je voulais prendre part à un modèle ouvert aux auteurs-compositeurs et soutenir l’industrie dans sa transformation vers la modernité et l’équité », indique Bruderman au sujet de ses motivations à se joindre à l’équipe de Kobalt en 2013.
Élevé dans le sud de la Floride par des parents mélomanes, Bruderman a un don naturel pour la musique et a toujours été sensible aux créateurs. Enfant, il jouait du saxophone et de la guitare : « J’ai joué dans des groupes symphoniques et des groupes de jazz. Au secondaire, j’ai été tambour-major. J’ai aussi fait partie de groupes punk, ska, rock indie, blues… Bref, un peu de tout ! »
Pour explorer son amour des arts, Bruderman étudie en cinéma et en philosophie à l’Université de Miami. En 2001, son diplôme en poche, il part lancer sa carrière à New York.
Après un court séjour dans un studio de postproduction pour le cinéma et la télévision, Bruderman décroche son premier emploi dans l’industrie de la musique, comme employé temporaire à Sony Music Entertainment. Il y apprend toutes les facettes du secteur, de la synchronisation aux redevances en passant par la distribution. Il est par la suite muté à la division des licences mécaniques pour les États-Unis. « J’ai appris à connaître très bien tout ce qui a trait à l’édition aux États-Unis et, jusqu’à un certain point, au Canada, dit-il. Ensuite, j’ai commencé à graviter autour de ce qui se passait dans l’univers numérique. »
Pendant ses 11 années à Sony, Bruderman travaille avec presque tous les principaux éditeurs de musique des États-Unis et prend de plus en plus conscience de l’existence de plusieurs sociétés croissantes aux modèles commerciaux innovateurs. Il décide d’entrer au service de Kobalt, où il occupe d’abord un poste hybride axé sur la croissance des partenariats stratégiques et l’encadrement des relations avec certains des principaux clients de Kobalt, notamment MPL Communications, la société de Paul McCartney.
« Assez rapidement, l’essor effréné du marché numérique a fait en sorte que je passais la majorité de mon temps à traiter les aspects commerciaux de nos contrats mondiaux avec les titulaires de licences », raconte-t-il. Les tâches de Bruderman se sont depuis élargies et touchent maintenant tous les aspects de l’exploitation, notamment le marché numérique et les politiques publiques. Son équipe conclut près de 100 contrats par année.
« Nous appuyons le mieux possible nos partenaires du monde numérique et visons à créer un écosystème sain, plutôt que de les considérer comme des adversaires, poursuit-il. Cette vision nous a vraiment aidés à saisir de nouvelles occasions de partenariats innovateurs au-delà de l’octroi de licences. »
Avec son siège social à New York, Kobalt compte 14 bureaux aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Australie. La société a récemment annoncé l’ouverture d’un bureau en France. Son répertoire comprend des légendes de la musique comme Elvis Presley, John Denver, Kelly Clarkson, Finneas, The Weeknd, Mahalia, Beck, Childish Gambino, Stevie Nicks, Diplo, Ellie Goulding, Foo Fighters, Lorde, Trent Reznor, Gunna et Roddy Ricch. En fait, Kobalt représente plus de 40 % des 100 albums et chansons les plus populaires des États-Unis et du Royaume-Uni.
Parmi les façons originales que Kobalt a mises en place pour soutenir ses auteurs-compositeurs, citons les avances « dans le pipeline », en vertu desquelles les auteurs-compositeurs peuvent se connecter à un portail en ligne et accéder aux revenus prévus pour le trimestre. Bruderman explique : « Nous offrons aussi des services de création dans le but de placer des chansons d’un album donné et d’organiser des séances d’écriture. Aussi, notre équipe de la synchro aide les auteurs-compositeurs à ouvrir de nouvelles perspectives pour un morceau donné. »
Interrogé sur la valeur d’une chanson, Bruderman répond : « Les chansons sont des capsules de l’ADN de l’expérience et de l’âme humaines. Elles captent des moments de transcendance, de réflexion, d’amour, de révolution, de foi, de grâce, de déception, de douleur et de joie. Plus que jamais, nous avons besoin de la révolution du cœur à laquelle seules les chansons font écho. »
Selon Bruderman, il est encourageant que les auteurs-compositeurs de Kobalt soient en mesure de tabler sur des technologies modernes pour créer des chansons et rejoindre leur public pendant la pandémie : « Les auteurs-compositeurs ont recours à toutes les technologies possibles pour interagir avec leurs fans par des prestations en direct sur le Web et d’autres plateformes sociales. C’est tout simplement incroyable. »
Il mentionne également l’explosion récente des activités dans le secteur du conditionnement physique : « Cette tendance est apparue il y a quelques années déjà, mais elle s’accélère actuellement en raison de la COVID-19, et je ne m’attends pas à ce qu’elle s’essouffle de sitôt. »
Kobalt prévoit continuer à chercher des façons de réinventer l’industrie de la musique. « Nous nous éloignerons de plus en plus du système archaïque de droits et de licences en place un peu partout dans le monde pour offrir davantage de valeur à notre clientèle, révèle Bruderman. Ce qui signifie, pour moi, de conclure davantage de contrats directs avec des services émergents et régionaux. »
À l’échelle de l’industrie, il faudra encore apporter beaucoup de changements réglementaires pour constater une réelle évolution. « Dans certains domaines des droits, il y a davantage de flexibilité et nous avons très certainement tenté d’aller le plus loin possible pour les auteurs-compositeurs, ajoute-t-il. Résultat : une transparence accrue et le versement de redevances touchant un nombre croissant de chansons et d’enregistrements. »
Bruderman a travaillé avec la CMRRA à divers égards au cours des six dernières années. « J’aime beaucoup l’équipe, elle fait du très bon travail pour nous, confie-t-il. C’est une association significative et importante à soutenir. »
En plus du Comité d’éditeurs canadiens de la CMRRA, Bruderman est membre du conseil d’administration du tout nouveau Mechanical Licensing Collective (MLC). Il est également administrateur au sein du conseil de la Music Business Association, de Digital Data Exchange et d’AMRA, la société de perception numérique mondiale de Kobalt. Il a été nommé par Billboard dans sa liste Digital Power Players (Excellence en numérique) en 2018 et en 2019.
Bruderman habite New York avec sa femme et leur poupon.
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