Le nouveau président de l’Association canadienne des éditeurs de musique (CMPA), Vincent Degiorgio, n’est pas un éditeur de musique ordinaire. Il voit grand, aussi grand que le monde.
Il est rare de rencontrer quelqu’un de l’industrie ayant réellement joué sur les deux tableaux. Auteur-compositeur et éditeur de musique prolifique et acclamé, Vincent est également un pionnier dans son domaine.
Dès le début de sa carrière, il trouve un créneau en voyageant dans le monde entier — 14 fois à ce jour — au-delà des frontières de la musique pop américaine et britannique, afin d’écrire des chansons pour des artistes internationaux et de conclure des contrats avec eux.
Sa stratégie audacieuse a porté ses fruits ces dernières décennies.
« Tout au long de ma carrière, j’ai toujours été le plus curieux de mon entourage, révèle-t-il. Je voulais connaître le nom des personnes qui avaient écrit les chansons, qui les avaient produites, qui en avaient fait les arrangements et qui les avaient interprétées sur le disque. »
Cette curiosité lui est bien utile lorsqu’il amorce sa carrière musicale comme acheteur d’importations pour la vente au détail chez Sam the Record Man, dans sa ville natale de Brampton en Ontario.
Cet emploi lui fournit l’occasion de se joindre un magasin Disco Sound of Canada à Toronto et d’être disc-jockey au club Le Tube.
Au milieu des années 1980, Vincent supervise la promotion régionale en Ontario de l’entreprise montréalaise Unidisc Records, ce qui l’incite à lancer sa propre étiquette de disques, Power Records. C’est à ce moment qu’il commence à produire et à composer de la musique de danse.
Vincent travaille ensuite dans deux grandes maisons de disques, d’abord BMG au Canada, puis RCA Records à New York, où il conclut de nombreux contrats pour des spectacles comme la tournée de NSYNC en Amérique du Nord.
Après avoir passé huit ans à New York et Los Angeles, il déménage à Vancouver pour se concentrer sur sa carrière d’auteur-compositeur et sur sa société d’édition musicale. Il est ensuite revenu à Toronto, où il vit depuis dix ans.
Aujourd’hui, Vincent est président et fondateur de Chapter 2 Productions, qui abrite Cymba Music Publishing, InterCym Music et The Billy Ray Louis Music Publishing Company, pour les droits d’auteur personnels de Vincent.
« Cymba Music Publishing édite l’ensemble des œuvres de tous nos auteurs-compositeurs nationaux; elle comprend notre répertoire principal, explique-t-il. InterCym Music s’occupe des chansons étrangères que nous représentons au Canada ou ailleurs pour les auteurs qui ne figurent pas dans notre répertoire. »
À l’origine, Cimba est une maison de production et d’édition, mais elle devient progressivement l’une des sociétés d’édition musicale les plus actives et créatives au Canada, à la vocation internationale sans précédent.
« Comme éditeur de musique, nous sommes intrépides et impitoyables, dit-il. Nous faisons les choses différemment : notre approche mondiale va à l’encontre de l’édition musicale traditionnelle. »
Cymba compte à son répertoire de nombreux auteurs-compositeurs talentueux, dont Davor Vulama, Aileen de la Cruz, Ari Rhodes, Ian Smith, Olivia Wik et l’artiste primé Dennis Ellsworth. Cymba représente aussi les catalogues des anciens participants d’American idol David Archuleta, Crystal Bowersox et Casey Abrams.
« Notre entreprise fait passer les auteurs avant le catalogue, précise-t-il. Nous établissons des liens à long terme avec des partenaires et des artistes à la recherche de chansons. »
Cymba ne compte que trois employés, mais elle possède l’un des réseaux mondiaux les plus vastes et les plus solides de l’industrie de l’édition musicale au Canada.
« Mon modèle d’affaires est un peu étrange pour le Canada, voire pour la plupart des autres endroits, parce que je suis le seul éditeur de musique à plein temps à être également auteur-compositeur à plein temps, confie-t-il. Il est beaucoup plus facile de prêcher par l’exemple. »
Vincent est l’auteur-compositeur de chansons ayant rapporté des millions de dollars. Il a d’ailleurs récemment collaboré avec la star de la pop néerlandaise Caro Emerald à la réalisation d’un album vendu à plus de deux millions d’exemplaires. Ses chansons sont écrites dans 14 langues.
Fidèle à sa vision d’un monde sans frontières, Vincent aime maintenir ses auteurs en mouvement en effectuant fréquemment des voyages de coécriture avec eux en Finlande, en Angleterre, en Scandinavie, au Japon, en Allemagne et en France.
« Nous voulons que nos auteurs découvrent le monde, qu’ils ne limitent pas leurs horizons à Los Angeles », plaisante-t-il.
Il encourage leurs démarches en organisant et en finançant des camps privés de composition et d’écriture, qu’il appelle « Write Ups » et auxquels il collabore. Plus d’une vingtaine de ces camps ont déjà eu lieu dans le monde entier depuis deux ans et demi.
« Je considère que nous sommes la société d’édition collaborative la plus dynamique du pays, dit-il. Nous avons organisé 90 % des séances auxquelles nos auteurs ont participé. »
Vincent ajoute généralement un nouvel auteur-compositeur à son répertoire chaque année.
« Nous sommes très sélectifs, révèle-t-il. Voici la règle qui nous guide depuis toujours : si nous aimons absolument une œuvre, si elle nous paraît indispensable, nous mettons l’artiste sous contrat. »
Selon Vincent, la réussite d’un éditeur de musique repose sur sa détermination et sur sa capacité innée à écouter non seulement les chansons, mais également les auteurs.
« Il faut savoir faire preuve de compassion, tout en étant ferme, dit-il. Il faut être un navigateur, mais par-dessus tout un explorateur, afin de saisir l’occasion qui vous distinguera des autres. »
Vincent est d’avis que la confusion et la désinformation entourant la profession font partie des difficultés que doivent contourner les éditeurs de musique.
« L’avenir de notre industrie dépend de la façon dont nous diffusons l’information », déclare-t-il.
C’est l’un des nombreux défis qu’il a hâte de relever à titre de président de la CMPA.
« Une grande partie du mandat de la CMPA concernera l’éducation, selon lui. Il nous faut apprendre à communiquer efficacement les fondements de nos activités. »
À titre d’éditeurs, nous devons clamer haut et fort notre excellence, et, si je peux servir de porte-voix pour l’un de mes collègues, je le ferai. »
Outre les initiatives d’éducation, Vincent tient également à renforcer la capacité de la CMPA à s’exprimer au nom de la collectivité.
« Je veux encourager les nouveaux membres à prendre leur place et à prendre la parole, et je tiens à prêcher par l’exemple parce que je crois que la force du nombre a une grande importance. »
« Notre industrie est à la croisée des chemins d’une véritable révolution, qui recèle d’incroyables possibilités pour nous, en tant que collectivité. »
En plus de présider l’Association canadienne des éditeurs de musique, il a siégé au conseil de l’Association des auteurs-compositeurs canadiens (SAC), et siège au conseil du Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens (PACC) et au conseil consultatif de la Musicians’ Rights Organization Canada (MROC).
« J’ai tant appris comme membre du conseil de la CMPA ces quatre dernières années, confie-t-il. Je ne pensais pas que mes collègues éprouvaient les mêmes problèmes que moi, mais je me suis rendu compte que plus nous sommes différents, plus nous sommes semblables. »
Sa passion pour la nature imprévisible de l’édition musicale et de l’écriture de chansons est des plus inspirantes.
« Le travail d’éditeur de musique peut être simple comme bonjour, mais il est parfois aussi ardu qu’un match de boxe de championnat du monde, conclut-il. Nous ne savons jamais à quoi nous attendre, et cette imprévisibilité est le pain quotidien de l’éditeur musical. »
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