Daniel Lafrance, administrateur au sein du conseil de la CMRRA, se décrit comme un homme en mission, mission définie par une motivation intrinsèque à découvrir de nouveaux talents et à améliorer les pratiques commerciales.
Ayant remporté, au Gala de l’ADISQ, le Félix de l’Éditeur de l’année à neuf occasions, sa passion pour l’industrie continue à le guider chaque jour et lui fait voir chaque tâche comme un défi personnel à relever pour accomplir sa mission plutôt que comme un travail.
Lafrance est directeur général d’Éditorial Avenue, une grande maison d’édition musicale établie à Montréal réputée pour la qualité et la diversité des auteurs-compositeurs qu’elle représente.
Environ 90 % de son répertoire est constitué d’auteurs-compositeurs du Québec, y compris les icônes de la musique populaire Jean-Pierre Ferland et Claude Léveillée. Les autres proviennent de la France et des États-Unis.
Éditorial Avenue est également sous-éditrice de plus de 450 catalogues européens, de France, d’Italie, du Portugal et de Belgique et est sous-éditée dans plus de 40 pays.
Parmi les talents francophones, anglophones et hispanophones exceptionnels qu’Éditorial Avenue représente, citons Pierre Lapointe, Loco Locass, Lhasa De Sela, Éric Lapointe, Alex Nevsky, Peter Peter, Amylie, Mathieu Holubovski, Jason Bajada, Salomé, Daniel Bélanger, Damien Robitaille, Les Respectables, Bran Van 3000, Loud Lary Ajust et Ariane Moffatt.
Bon nombre d’artistes d’Éditorial Avenue, comme l’auteur-compositeur-interprète Alex Nevsky et le groupe de rap Loud Lary Ajust, connaissent un énorme succès et jouissent d’une forte reconnaissance de l’industrie au pays et à l’étranger.
Daniel Lafrance explique : « Nous formons réellement nos auteurs-compositeurs, et nous investissons des années – des fois deux, trois ou même quatre ans – de même que des efforts et de l’argent pour faire avancer leur carrière. »
Généralement, Éditorial Avenue met sous contrat de trois à cinq auteurs-compositeurs par année. Pour les soutenir, la maison achète des biens incontournables, comme un ordinateur portable ou une guitare, loue des locaux de répétition, offre des avances de fonds, complète les frais de tournée et organise de précieux voyages de co-écriture à Paris ou à Los Angeles.
« En ce qui concerne les artistes qui écrivent leurs chansons, nous essaierons de faire un album avec eux, puis le présenterons aux maisons de disques pour conclure un contrat. Parfois, nous produisons les albums et signons un contrat de distribution. », dit-il. « Si vous croyez dans un auteur-compositeur et dans les chansons que vous produisez, il faut aller jusqu’au bout. »
Selon Lafrance, certaines des principales difficultés auxquelles les artistes québécois se butent sont le manque de visibilité sur les sites Web et les services de téléchargements et d’écoute en continu.
« Il est difficile d’avoir de la visibilité ou d’être en première page d’Apple Music ou de Spotify. Vous n’y verrez pas d’artistes québécois, il faut faire des recherches », explique-t-il. « La plupart du temps, ce sont des artistes très connus qui y figurent, ou de nouveaux venus soutenus par de grandes maisons qui ont toute la puissance pour leur offrir une certaine visibilité. »
Lafrance reconnaît que le marché québécois est fort, mais que les temps ont changé au cours des cinq dernières années, les industries locales comme celle du Québec se transformant de plus en plus en marché mondial. « Pour vendre nos produits sur le marché d’aujourd’hui, il faut être patient, trouver de nouvelles façons de faire et créer de l’excellente musique très originale », affirme-t-il.
Malgré tout, Lafrance reste confiant dans l’avenir. « Même si le marché s’est effondré, les artistes d’ici sont toujours appréciés au Québec. On les voit à la télévision et dans les magazines, on assiste aux concerts, on les entend à la radio. Le star system québécois se porte très bien. »
D’abord guitariste et professeur de musique, Lafrance décide d’étudier l’archéologie à l’Université de Montréal. Après avoir travaillé pendant un certain temps dans un site archéologique au Mexique, il décide de rentrer au Québec pour revenir à ses premières amours, la musique. Au cours des six années suivantes, Lafrance joue de la guitare, produit des disques, organise des spectacles, fait de la promotion et part en tournée avec son groupe. C’est en 1976 qu’il fonde sa première maison d’édition musicale et, en 1981, il réduit ses activités pour se concentrer sur l’édition et la gestion d’artistes. Dix années plus tard, il commence à se consacrer uniquement à l’édition.
Lafrance est client de la CMRRA depuis 2008. Il a participé au récent lancement de nouveaux tarifs CMRRA pour la reproduction d’œuvres musicales utilisées dans des productions audiovisuelles.
« Distincts des droits de synchronisation, les nouveaux tarifs de la CMRRA touchent la reproduction mécanique des diffuseurs en audiovisuel », explique Lafrance, « nous sommes très heureux de pouvoir offrir ces nouveaux tarifs pour la toute première fois ».
Ces tarifs visent l’établissement de licences pour les copies de postsynchronisation réalisées par les diffuseurs et les services audiovisuels en vue d’offrir du contenu audiovisuel à des utilisateurs finaux et de permettre à ces utilisateurs de réaliser d’autres reproductions sur leurs propres appareils. Chaque fois qu’un contenu audiovisuel est reproduit par un télédiffuseur ou un service de diffusion, la musique contenue dans cette production est également reproduite.
Les télédiffuseurs et les services audiovisuels retirent une valeur importante de ces copies. Par conséquent, ils doivent obtenir des licences et payer des redevances pour les copies qu’ils effectuent.
En plus de travailler à la CMRRA, Lafrance a mis ses diverses compétences de conseil au profit d’autres organismes du secteur, dont le Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens, MusicAction, l’ADISQ, CINARS, la SODRAC et l’APEM/PMPA. Il est également un auteur publié.
Éditorial Avenue a récemment célébré son 16e anniversaire. C’est effectivement en 200o que Lafrance s’est joint à deux autres éditeurs et producteurs québécois respectés, Rosaire Archambault et Michel Bélanger, aussi propriétaire de la maison de disque Audiogram, pour lancer Éditorial Avenue. Lafrance en est le directeur général depuis le tout début.
L’équipe de sept personnes à Montréal emploie également Jean-Valère Albertini, qui travaille sur le terrain en France pour accroître les découvertes de nouveaux talents francophones, conclure des accords et présenter des auteurs-compositeurs français au Québec.
En 2013, les réalisations professionnelles de Lafrance ont été reconnues par l’APEM/PMPA, qui lui a décerné le prix Christopher J. Reed, un honneur qui occupe une place particulière dans son cœur.
Son amour pour l’industrie est palpable. « Je ne travaille pas », affirme-t-il avec conviction. « J’essaie seulement d’atteindre certains objectifs. Ça m’allume. Je ne sais pas d’où ça vient, mais je suis comme ça, simplement. Je suis investi d’une mission. »